Synthèses thématiques

Les implantations monastiques de Rennes

Le christianisme devient religion officielle de l’empire romain dès le IVe siècle. Très tôt, les institutions religieuses s’implantent dans tout l’Empire, et notamment dans les villes. À Rennes comme à Vannes, des évêchés sont attestés dès la seconde moitié du Ve siècle.

Saint-Melaine, abbaye historique

À Rennes, outre la première cathédrale, totalement inconnue, l’abbaye Saint-Melaine est attestée par Grégoire de Tours à la fin du VIe siècle. Elle s’établit sur la tombe du saint fondateur, à proximité de l’ancienne nécropole antique, et devient rapidement l’une des plus importantes abbayes de la région.

Saint-Georges, abbaye prestigieuse

Une nouvelle abbaye est fondée pour les femmes vers 1030 par le duc Alain III de Bretagne, qui en confie la direction à sa sœur Adèle. Cette origine prestigieuse favorise son implantation rapide et marque le développement de la ville médiévale vers l’est. Seul un bâtiment du XVIIe siècle, très remanié, subsiste aujourd’hui de l’ancienne abbaye, dont quelques vestiges ont été reconnus lors d’un diagnostic archéologique réalisé en 2013. Ainsi ont été reconnus les murs de l’abbatiale du XIIe siècle, ruinée après la Révolution, et qui a disparu lors de la construction de la piscine municipale.

Les ordres mendiants

L’essor que connaît la ville de Rennes à partir du XIIIe siècle favorise l’établissement de nouveaux ordres monastiques qui prônent la pauvreté et pratiquent l’aumône : les ordres mendiants. L’hôpital Saint-Jacques, pourtant de création très récente, est confié aux Franciscains (dits également Cordeliers) par le duc Pierre Ier dès 1230. Cette donation marque la première implantation de l’ordre en Bretagne. Le couvent, situé en limite nord-est de la ville, prend vite de l’importance. Il accueille plusieurs fois les États de Bretagne et sert de siège à la Chambre des comptes de la ville.  Il accueille surtout les sessions du parlement de Bretagne, depuis son institution en 1552 jusqu’à l’achèvement du palais du Parlement en 1655. Comme l’abbaye Saint-Georges, le couvent des Cordeliers est inclus dans l’enceinte au milieu du XVe siècle. Il est aujourd’hui totalement effacé du paysage rennais, mais un diagnostic archéologique réalisé en 2011 a révélé la présence d’importantes parties conservées au sein des bâtiments ultérieurs.
 
Les frères prêcheurs, plus couramment appelés Dominicains ou Jacobins, s’installent au nord de la ville en 1368, sur un terrain légué par deux bourgeois. Afin de contrer les Franciscains, qui soutiennent son ancien rival Charles de Blois, le duc Jean IV dote immédiatement le nouveau couvent. Une fouille très importante menée en 2012 et 2013 a notamment montré qu’aux XVIe et XVIIe siècles, le couvent des Jacobins est devenu un lieu de sépulture très prisé de la noblesse, à l’instar de Louise de Quengo qui s’y fait inhumer en 1656.
 
Un troisième ordre mendiant, les Carmes, fonde son couvent vers 1450 au sud de la Vilaine, sur les terres d’un ancien manoir périurbain. Il a totalement disparu après la Révolution. Les vestiges très arasés de son église abbatiale ont toutefois été localisés en 2009, lors d’un diagnostic archéologique préalable à la construction d’un immeuble. Il sera incorporé dans le périmètre de la troisième enceinte, mise en œuvre par le duc François II entre 1451 et 1473.

Les hôpitaux ou établissements de charité

Ces centres religieux et culturels encadrent donc la ville et ses bourgeois ; ils rivalisent pour s’attirer les faveurs et les donations des plus riches, qui s’y font souvent inhumer. Les plus pauvres peuvent quant à eux compter sur deux établissement de charité.

L’hôpital Sainte-Anne est fondé en 1340 par des confréries de bourgeois à l’entrée nord de la ville, en bordure de la route de Saint-Malo. S’il a disparu au XIXe siècle, les fouilles menées préalablement à la construction du métro, en 1999 puis en 2014, place Sainte-Anne ont mis au jour quelques vestiges de ses bâtiments et de son cimetière. Des fosses de latrines et un important dépotoir ont notamment livré des informations sur la vie quotidienne, les approvisionnements et l’hygiène dans l’établissement à la fin du Moyen Âge et à l’époque moderne.

La Maison-Dieu Saint-Yves est fondée en 1358 par un prêtre de Tréguier (Côtes-d’Armor). Il est situé dans la vieille cité, en bordure de la Vilaine. Seule sa chapelle est conservée. Elle a fait l’objet anciennement d’un diagnostic archéologique préalable à sa restauration.

Multiplication des confréries dans les faubourgs

Suite à la Réforme protestante et au concile de Trente, qui organise la Contre-Réforme (1545-1553), de nombreuses confréries s’installent à Rennes à l’image des autres villes : moines capucins (1604), sœurs carmélites (1620) ou visitandines (1633) construisent leurs « maisons » sur des terrains libres dans les faubourgs proches.
 
C’est également à cette époque que s’installent les Jésuites, qui se voient confier en 1604 la construction du collège destiné à former les élites intellectuelles de la cité.    

À la Révolution, nombre de ces établissements disparaîtront, seront sécularisés ou transformés en institutions civiles, en attendant d’être révélées par les travaux d’aménagement et les fouilles qui leur sont liées.