Les constructions urbaines antiques
Une majorité d’ensembles modestes en bois au Ier siècle de notre ère
Les plus anciennes constructions fouillées à Condate sont des baraquements en pans de bois, généralement allongés et divisés en plusieurs pièces, qui sont souvent juxtaposées en bord de rue. Beaucoup de ces constructions s’appuient sur des sablières basses masquées par l’épaisseur des sols. L’analyse montre qu’elles supportaient des potelets verticaux afin de composer des parois fermées par des planchettes ou du torchis-clayonnage. À l’intérieur, les cloisons secondaires étaient faites de planches, dont l’existence est révélée par de fines empreintes entre les surfaces de terre battue ou les planchers. On imagine mal un étage sur des constructions aussi légères ; des bardeaux de bois, moins lourds que des tuiles et plus simples à mettre en œuvre qu’un toit de chaume, sont à envisager en couverture. Des activités professionnelles étaient souvent pratiquées dans une partie de ces bâtiments alors que le reste abritait plutôt des espaces domestiques. L’idée d’ensembles mixtes, occupés par des artisans qui vivent et travaillent sur place, émerge ainsi sur plusieurs sites révélant des activités métallurgiques (3-5 rue de Saint-Malo, Couvent des Jacobins, Parking de la place Hoche, Couvent de La Visitation) ou céramiques (Ancien hôpital militaire Ambroise Paré).
Quelques découvertes, très ponctuelles, révèlent que des édifices plus imposants existaient en même temps que ces habitats modestes. Certains étaient en bois, comme une vaste galerie reconnue sur la place Sainte-Anne (Station Sainte-Anne ligne B), mais de rares fragments de chapiteaux monumentaux laissent supposer que de grands ensembles architecturaux, à vocation publique, étaient aussi érigés dès l’époque augustéenne.
Quelques découvertes, très ponctuelles, révèlent que des édifices plus imposants existaient en même temps que ces habitats modestes. Certains étaient en bois, comme une vaste galerie reconnue sur la place Sainte-Anne (Station Sainte-Anne ligne B), mais de rares fragments de chapiteaux monumentaux laissent supposer que de grands ensembles architecturaux, à vocation publique, étaient aussi érigés dès l’époque augustéenne.
Un usage modéré de la maçonnerie au IIe siècle
À partir de la seconde moitié du Ier siècle, on cherche à isoler les constructions de l’humidité du sol afin de prolonger la durée de vie des sablières basses principales, qui devaient souvent être remplacées auparavant. Dans certains cas, des empierrements suffisaient à jouer ce rôle protecteur, mais l’usage de la maçonnerie s’est rapidement systématisé pour confectionner des murets plus ou moins bien conçus. Alors que des bâtiments, souvent localisés le long des axes les plus fréquentés, s’appuyaient sur des soubassements de qualité, élaborés avec des matériaux neufs, d’autres intègrent des éléments de récupération de diverses natures (fragments de tuiles, briques cassées, morceaux de béton, moellons en remploi). On peut y voir des fonctions différentes ou imaginer que les moyens financiers des propriétaires n’étaient pas les mêmes. À l’intérieur, de solides sols bétonnés sont souvent associés aux constructions les plus soignées alors que de la terre battue ou de simples chapes de mortier sont mises en œuvre dans les édifices plus sommaires ; des planchers existent en revanche dans les deux cas.
La monumentalisation du centre-ville au IIIe siècle
Les édifices de grande taille se multiplient au IIIe siècle, à la suite de phénomènes de concentrations foncières qui réduisent le nombre de parcelles à l’intérieur des îlots urbains. Des bâtiments entièrement maçonnés sont alors construits sur plusieurs niveaux, simplifiant un tissu urbain qui était devenu dense et hétéroclite. Il n’est alors pas rare que des programmes architecturaux concernent la moitié ou la totalité d’un îlot, à l’instar du vaste ensemble qui a été reconnu sous le couvent des Jacobins et se poursuit au niveau de la place Sainte-Anne. C’est tout le secteur central de Condate qui voit se développer de grandes demeures, de vastes entrepôts et de larges galeries commerciales à la place des petites boutiques et ateliers métallurgiques des Ier et IIe siècles. Cette monumentalisation du quartier laisse envisager la proximité du forum directement au nord de l’église Saint-Aubin.
Des usages difficiles à définir précisément
Les grandes emprises des fouilles récentes offrent des plans assez intelligibles pour qu’on puisse attribuer des fonctions aux bâtiments, mais des aménagements caractéristiques (fours, laraires, bains, péristyle, etc.) facilitent aussi l’interprétation du bâti. Pour autant, il n’est pas toujours possible d’identifier l’usage précis d’un habitat, d’un local commercial, d’un ensemble public ou d’un lieu de culte. En revanche, les maisons clairement reconnues sur plusieurs sites (Place Hoche , Ancien hôpital Ambroise Paré , La Visitation , Couvent des Jacobins , Hôtel-Dieu) présentent des mises en œuvre si différentes qu’elles reflètent des distinctions sociales évidentes. Malgré cela, il faut bien avoir conscience que des ensembles particulièrement vastes et imprégnés de culture romaine peuvent toujours être majoritairement constitués de terre et bois. Ce sont alors les plans, les décors des parois ou les équipements spécifiques (bains, chauffage, etc.) qui révèlent les différences.