La ville et son fleuve, une histoire compliquée
La ville de Rennes est traversée par la Vilaine, fleuve côtier de 218 km, dont la confluence avec la rivière Ille a donné son nom au département. C’est à cette confluence, sur un plateau, que s’installe la ville antique, nommée Condate d’après le toponyme gaulois latinisé désignant la rencontre de deux rivières.
On ne connaît pas grand-chose de la relation de la ville antique avec son fleuve. Le castrum, construit vers 280, marque une rétractation de la ville à la pointe du plateau, au plus près des terrains humides de la confluence, sur la position la plus facile à fortifier. Au moins un franchissement de la Vilaine devait assurer la desserte de la ville vers le sud. Ce passage était situé à proximité de l’actuelle place Saint-Germain. Son emplacement, supposé lors de la découverte de plus de 30 000 monnaies datées de toute la période romaine (Ier siècle avant / Ve siècle de notre ère), est attesté par le tracé du chemin mis au jour lors de la fouille toute proche (Place Saint-Germain, la muraille antique et le «trésor» de la Vilaine).
On ne connaît pas grand-chose de la relation de la ville antique avec son fleuve. Le castrum, construit vers 280, marque une rétractation de la ville à la pointe du plateau, au plus près des terrains humides de la confluence, sur la position la plus facile à fortifier. Au moins un franchissement de la Vilaine devait assurer la desserte de la ville vers le sud. Ce passage était situé à proximité de l’actuelle place Saint-Germain. Son emplacement, supposé lors de la découverte de plus de 30 000 monnaies datées de toute la période romaine (Ier siècle avant / Ve siècle de notre ère), est attesté par le tracé du chemin mis au jour lors de la fouille toute proche (Place Saint-Germain, la muraille antique et le «trésor» de la Vilaine).
Une ville médiévale à cheval sur le fleuve
Le pont antique est remplacé, au début du XIe siècle, par un nouvel ouvrage, dont les pieux de fondation ont été partiellement mis au jour par la fouille de la place Saint-Germain. Au nord du pont, un nouveau quartier se développe autour de l’église Saint-Germain. On ignore à partir de quelle période la rive gauche est colonisée. Il est probable qu’un faubourg s’implante très tôt au débouché du pont Saint-Germain. Il donne naissance à un nouveau quartier correspondant à une nouvelle paroisse dédiée à tous les saints. Le quartier se développe au XVe siècle, sans doute renforcé par l’implantation du couvent de Carmes.
Les quartiers au nord du fleuve sont enclos dans une enceinte urbaine dès le milieu du XVe siècle. La construction de cette muraille coupe l’accès à l’eau pour les habitants, qui s’en plaignent abondamment auprès des édiles. C’est sans doute pour pallier cette restriction d’accès que les maisons du quartier Saint-Germain se voient dotées à cette époque de fosses maçonnées, réceptacles de latrines, comme l’attestent les analyses de leurs sédiments. Par ailleurs, la construction de la muraille et l’occupation d’anciennes prairies humides restreint la zone d’expansion des crues du fleuve au nord, aggravant d’autant leur impact sur les nouveaux quartiers au sud. C’est sans doute une des raisons qui poussent le duc Jean V à entreprendre une nouvelle enceinte au sud, doublée d’un fossé qui participe à la régulation du cours du fleuve désormais barré par un système de vannes et de grilles de défense.
Le nombre de ponts à l’intérieur de la ville reste limité durant tout le Moyen Âge, le pont Saint-Germain demeurant un point de passage important. Au début du XVIIe siècle, de nouveaux ouvrages sont mis en œuvre, tel le Pont Neuf, dont les fondations d’une culée ont été mises au jour lors des travaux de la station de métro de la place de la République en 1998.
Les quartiers au nord du fleuve sont enclos dans une enceinte urbaine dès le milieu du XVe siècle. La construction de cette muraille coupe l’accès à l’eau pour les habitants, qui s’en plaignent abondamment auprès des édiles. C’est sans doute pour pallier cette restriction d’accès que les maisons du quartier Saint-Germain se voient dotées à cette époque de fosses maçonnées, réceptacles de latrines, comme l’attestent les analyses de leurs sédiments. Par ailleurs, la construction de la muraille et l’occupation d’anciennes prairies humides restreint la zone d’expansion des crues du fleuve au nord, aggravant d’autant leur impact sur les nouveaux quartiers au sud. C’est sans doute une des raisons qui poussent le duc Jean V à entreprendre une nouvelle enceinte au sud, doublée d’un fossé qui participe à la régulation du cours du fleuve désormais barré par un système de vannes et de grilles de défense.
Le nombre de ponts à l’intérieur de la ville reste limité durant tout le Moyen Âge, le pont Saint-Germain demeurant un point de passage important. Au début du XVIIe siècle, de nouveaux ouvrages sont mis en œuvre, tel le Pont Neuf, dont les fondations d’une culée ont été mises au jour lors des travaux de la station de métro de la place de la République en 1998.
- Site naturel de l’implantation de la ville de Rennes. © Stéphane Jean, InrapSite naturel de l’implantation de la ville de Rennes.
© Stéphane Jean, Inrap - Évolution de l’emprise de la ville du IIIe au XVe siècle, sur le fond de plan parcellaire ancien. ...Évolution de l’emprise de la ville du IIIe au XVe siècle, sur le fond de plan parcellaire ancien.
© Fond de plan : Thierry Lhoro, SRA ; DAO : Laurent Beuchet, Inrap - Fosses d’aisance maçonnées installées en fond de parcelles après la construction du rempart urbain coupant le...Fosses d’aisance maçonnées installées en fond de parcelles après la construction du rempart urbain coupant le quartier du fleuve.
Place Saint-Germain, Rennes(Ille-et-Vilaine), 2014.
© Philippe Cocherel, Inrap - Vue de la poterne ouverte sur la Vilaine au sud de l’enceinte antique. © Jean Bousquet, Direction des antiquités historiques...Vue de la poterne ouverte sur la Vilaine au sud de l’enceinte antique.
© Jean Bousquet, Direction des antiquités historiques de Bretagne - Cette vue de Rennes en 1543 est la plus ancienne connue. Elle montre la ville depuis l’est et illustre un mémoire rendant compte des...Cette vue de Rennes en 1543 est la plus ancienne connue. Elle montre la ville depuis l’est et illustre un mémoire rendant compte des travaux réalisés après 1538. On remarque les arches protégées par des grilles défendant l’accès à la ville et le port Saint-Yves où mouillent plusieurs chalands à fond plat. Aquarelle anonyme et gouache sur vélin.
© BnF, Rés. Ge. EE. 146, Pl. 22 - Plan dressé par François Forestier de Villeneuve après l’incendie de 1720. On reconnaît l’ancien tracé de...Plan dressé par François Forestier de Villeneuve après l’incendie de 1720. On reconnaît l’ancien tracé de la Vilaine et le projet de canalisation de la rivière.
© Archives municipales de Rennes, 1fi44 - Vue du quai de la Prévalaye, à l’entrée de Rennes, en 1869. Le port, héritier du port Saint-Yves...Vue du quai de la Prévalaye, à l’entrée de Rennes, en 1869. Le port, héritier du port Saint-Yves médiéval, a été modernisé et reçoit encore de nombreuses marchandises.
© Anonyme, coll Musée de Bretagne, Rennes. - La passerelle Saint-Germain vers 1840, vue depuis l’ouest. Dessin de H. Lorette, lithographié par Landais, Rennes. © Archives...La passerelle Saint-Germain vers 1840, vue depuis l’ouest. Dessin de H. Lorette, lithographié par Landais, Rennes.
© Archives municipales de Rennes - Vue des quais de la Vilaine depuis l’ouest, en 1858. La rivière est contenue entre deux hautes digues de granite et n’est plus...Vue des quais de la Vilaine depuis l’ouest, en 1858. La rivière est contenue entre deux hautes digues de granite et n’est plus guère accessible.
© Musée de Bretagne
L’eau et l’artisanat
Des retenues semblent avoir été installées aux abords de la ville dès le haut Moyen Âge, comme l’indique une remontée du niveau de l’eau de près d’un mètre, qui a provoqué l’abandon du chemin sur la berge de Saint-Germain. Les sédiments qui se déposent dans cette retenue sont datés au plus tôt du VIIIe siècle. Outre les moulins, on sait que nombre d’artisanats ont pu tirer parti de la présence du fleuve. Les éléments archéologiques restent cependant très discrets à leur sujet. Les artisans du cuir attestés à Saint-Germain devaient se fournir chez des tanneurs locaux, installés hors de l’emprise de fouille. En revanche, des cuves de teinturiers des XVe-XVIIe siècles ont été étudiés sur l’emprise du puits d’aération du métro de la rue Duhamel, en bordure du fleuve.
Une lente domestication
Sans-doute le fleuve formait-il un accès important pour le commerce, comme peut le souligner la poterne ouverte dans le rempart en bordure de berge. Pourtant, la Vilaine reste un fleuve à faible débit, et les renseignements fournis lors de la fouille des stations des places de la République et Saint Germain montrent que la lame d’eau moyenne est alors très basse. Ainsi, le chemin installé au IVe siècle sur les graves alluviales et mis au jour Place Saint-Germain, est situé seulement 1,50 m au-dessus du fond actuel du fleuve ; il témoigne d’une très faible hauteur d’eau et d’une navigation sans doute impossible une bonne partie de l’année. Les difficultés de navigation restent importantes jusqu’à la fin du Moyen Âge. Pourtant, plusieurs gaffes de bateliers ont été trouvées dans des niveaux datés des XIe-XIVe siècles place Saint-Germain, et un port existe dès cette époque au pied de la muraille de l’ancienne Cité antique, accueillant nombre d’embarcations à faible tirant d’eau. Dès 1538, afin de faciliter le passage des bateaux et le commerce, les marchands rennais demandent au roi l’autorisation d’aménager le fleuve jusqu’à Redon et de créer des écluses pour passer les nombreux moulins. Les travaux restent insuffisants et de nouvelles demandes émaillent tout le XVIe siècle. Il faudra attendre les blocus anglais liés aux guerres du XVIIIe siècle pour voir financé l’aménagement du fleuve jusqu’aux portes de Rennes. Il sera complété par la canalisation de l’Ille et la jonction avec la Rance commandés par Napoléon Ier.
En ville, la Vilaine garde son cours ancien et les inondations liées aux crues restent problématiques durant toute la période moderne. Le projet de reconstruction du centre historique après le grand incendie de 1720 prévoyait la canalisation du cours d’eau et la restructuration complète des quartiers sud. Il faudra attendre les années 1840 pour que ce projet soit effectivement réalisé. Les travaux de rectification modifient profondément la perception du fleuve dans la ville. Très encaissé dans des quais maçonnés, il n’est accessible que par des escaliers étroits ou des cales abruptes. Il est finalement partiellement couvert au XXe siècle pour recevoir un parking automobile.
En ville, la Vilaine garde son cours ancien et les inondations liées aux crues restent problématiques durant toute la période moderne. Le projet de reconstruction du centre historique après le grand incendie de 1720 prévoyait la canalisation du cours d’eau et la restructuration complète des quartiers sud. Il faudra attendre les années 1840 pour que ce projet soit effectivement réalisé. Les travaux de rectification modifient profondément la perception du fleuve dans la ville. Très encaissé dans des quais maçonnés, il n’est accessible que par des escaliers étroits ou des cales abruptes. Il est finalement partiellement couvert au XXe siècle pour recevoir un parking automobile.