Localisation des sites sur le territoire de Rennes

Place Saint-Germain

Ce tonneau posé dans une fosse creusée dans les prairies humides est un puits. Au XVe siècle, il alimentait les habitations en eau. Les douelles du fût sont en chêne, les cerclages en baguettes de noisetier refendu, ligaturées avec des brins d'osier.  Place Saint-Germain, Rennes (Ille-et-Vilaine), 2015.  © Laurent Beuchet, Inrap
Ce tonneau posé dans une fosse creusée dans les prairies humides est un puits. Au XVe siècle, il alimentait les habitations en eau. Les douelles du fût sont en chêne, les cerclages en baguettes de noisetier refendu, ligaturées avec des brins d'osier.
Place Saint-Germain, Rennes (Ille-et-Vilaine), 2015.
© Laurent Beuchet, Inrap

Description

La place Saint-Germain est située dans le centre-ville de Rennes, sur la rive nord de la Vilaine. Sa fouille, complexe, s'inscrit dans la construction d'une station de métro. Elle permet de retracer l'histoire de l'occupation de ce secteur depuis les premières occupations en bordure de la ville antique, la création du faubourg au XIe siècle et son évolution jusqu'à la destruction du quartier en juin 1944. Le cadre général de l'évolution du quartier est quant à lui restitué par une abondante documentation écrite. 

La fouille en milieux humides a livré des lots de mobilier médiéval exceptionnels, notamment en cuir et en métal. Elle a également fourni l'occasion de réaliser d'importantes études environnementales.

Résultats

Un secteur en bordure de la ville romaine   

Les premières occupations sont marquées par la mise en place d'un chemin vers le IVe siècle. Il occupe le cours d'un bras mort de la Vilaine et est simplement constitué de couches de graviers et de gravats. Son tracé s'incline à l'ouest vers la Vilaine, en direction de l'emplacement supposé d'un pont marquant l'un des accès majeurs à la ville depuis le sud. Une cinquantaine de tombes mises au jour à l'extrémité nord du site, datées du VIIe au XIe siècle, atteste la présence d'un cimetière dès le haut Moyen Âge en bordure de cet accès à la ville, sans doute à l'origine de l'église Saint-Germain toute proche.  

Un faubourg du XIe siècle

Un nouveau pont remplace le pont antique au début du XIe siècle. La berge du fleuve est asséchée et occupée par des parcelles habitées. L'humidité constante du sol a permis la conservation de nombreux déchets de boucherie, d'équarrissage ainsi que du travail du cuir, traduisant la présence d'artisans à proximité immédiate.  

La ville close médiévale

Aux siècles suivants, le quartier prospère grâce à la proximité du pont. De nombreux artisans du cuir (selliers, bourreliers, cordonniers, savetiers), mais également des tourneurs sur bois et des fabricants de manches de couteaux, rejettent leurs déchets dans un même dépotoir. 

Le développement important du faubourg amène le duc Jean V à le protéger par une nouvelle enceinte fortifiée au milieu du XVe siècle. À l'intérieur des murs, le terrain est assaini par un important remblai. Une nouvelle rue s'implante dans l'axe du pont. Elle est bordée de maisons, dont les murs à pan de bois s'appuient sur des murets. Le rez-de-chaussée abrite une boutique ou un atelier, les étages servent à l'habitation et au stockage des marchandises.

La ville moderne et contemporaine


Vers 1600, une nouvelle rue est aménagée sur le tracé de l'ancien rempart devenu obsolète. Son percement s'accompagne d'un important redécoupage parcellaire et d'un regroupement foncier. Une famille noble acquiert ainsi plusieurs parcelles et fait construire, avant 1646, un hôtel particulier au nord de la nouvelle rue. Ces transformations traduisent la mutation de la ville, liée à l'installation définitive du parlement de Bretagne à Rennes.

La fin du XVIIIe siècle voit la construction de nouveaux immeubles, non plus destinés à l'habitation familiale au-dessus d'une boutique, mais divisés en appartements locatifs, desservis par des couloirs et une cage d'escalier. Des transformations semblables sont observées dans plusieurs maisons. Elles montrent une mutation importante du quartier, qui se densifie et voit arriver une nouvelle population, moins aisée.

Les dernières transformations, au milieu du XIXe siècle, traduisent un certain déclassement du quartier, à l'écart des nouveaux axes de circulation et de commerce. Toutefois, la canalisation de la Vilaine s'accompagne de la mise en place de nouveaux égouts, avant l'arrivée de l'eau courante, du gaz de ville puis de l'électricité.

Après le bombardement de juin 1944, le quartier, détruit, est largement remanié. Les nouveaux immeubles relogent les habitants au-dessus d'espaces commerciaux, autour d'une place dédiée au stationnement automobile.