Localisation des sites sur le territoire de Rennes

Station de métro République

Localisation du site sur le quadrillage que formaient les rues de la ville antique.  Station de métro République, Rennes (Ille-et-Vilaine), 1998.  © Arnaud Desfonds, Stéphane Jean, Gaétan Le Cloirec et Dominique Pouille, Inrap ; Thierry Lorho, SRA
Localisation du site sur le quadrillage que formaient les rues de la ville antique.
Station de métro République, Rennes (Ille-et-Vilaine), 1998.
© Arnaud Desfonds, Stéphane Jean, Gaétan Le Cloirec et Dominique Pouille, Inrap ; Thierry Lorho, SRA

Description

Le projet de construction de la station de métro « République » est à l'origine de cette opération menée en 1998 sur 700 m2. Les travaux devaient intervenir en plein cœur de Rennes, en bordure de la rive sud du cours actuel de la Vilaine et à la verticale de l'ancien lit du fleuve, sur l'emplacement d'un ancien pont disparu. Ajoutés aux nombreux objets archéologiques exhumés au XIXe siècle, ces facteurs justifiaient la réalisation d'une fouille.

Résultats

La profondeur importante de la station a permis d'atteindre les multiples couches d'alluvions charriées par la Vilaine au fil du temps. Ainsi trois périodes chronologiques bien distinctes ont pu être abordées lors de la fouille. Pour la première, la plus reculée, l'étude a surtout porté sur les formations sédimentaires anciennes. Concernant la seconde période chronologique, le creusement au XIXe siècle d'une vaste cale d'accès au cours d'eau, la cale du Pré-Botté, avait fait disparaître le sommet des alluvions et la partie inférieure des couches archéologiques : les niveaux des derniers siècles avant notre ère, de l'Antiquité et du Moyen Âge, n'étaient plus présents et seuls quelques restes de fondations profondes d'un pont remontant à l'époque moderne ont pu être étudiés. La troisième période est matérialisée par les vestiges de la cale mentionnée précédemment.

Un aperçu du paysage rennais au cours des 11 000 dernières années
   

L'étude des dépôts fluviatiles, situés à une profondeur importante, a été entreprise en réalisant des tranchées à la mini-pelle dans les couches d'alluvions. Ces sédiments, qui contenaient de nombreux bois flottés conservés dans le terrain gorgé d'eau, ont fourni une masse de données permettant d'entrevoir l'évolution du paysage et les fluctuations du cours de la Vilaine durant plusieurs millénaires. Deux phases principales ont pu être mises en évidence.   

La plus ancienne s'étend environ de 9000 à 4000 avant notre ère et correspond à une période pendant laquelle le fleuve, alors doublé par plusieurs chenaux, semble être très actif. Les dépôts qui caractérisent cette longue période présentent généralement une granulométrie assez grossière, les particules fines étant emportées par les courants.   

La seconde phase débute vers -4000. Elle est marquée par l'abandon de plusieurs chenaux, elle apparaît plus calme. Le cours d'eau se concentre alors dans un lit majeur. Les premières traces de l'homme sur les lieux, vers 3000 avant notre ère, se traduisent par la présence de bois travaillés, puis par une modification du couvert forestier, que l'on perçoit surtout à la fin du Néolithique, c'est-à-dire vers 2000 avant notre ère.   

Par la suite, à l'âge du Bronze (jusque vers 800 avant notre ère), la zone étudiée devient marécageuse, après quoi les nappes phréatiques remontent, asphyxiant les arbres et la végétation qui bordent les rives.  

Le Pont Neuf  

Deux structures bien distinctes, partiellement écrêtées lors du creusement de la cale du Pré-Botté, peuvent être identifiées comme les soubassements du Pont Neuf, mis en chantier le 12 juin 1612. Il s'agit de deux ensembles quadrangulaires constitués par des pieux de bois profondément enfoncés dans les alluvions. Ces ouvrages, qui illustrent la méthode à laquelle on avait recours par le passé pour construire en terrain instable, supportaient la culée nord et une des piles du pont. Les pièces de bois étaient en moyenne au nombre de 6 par m2 de maçonnerie. Au total ce sont six cent dix-neuf pieux, majoritairement en chêne (501) et en peuplier (110), qui ont été retrouvés. Noyés dans des sédiments et donc sans contact avec l'oxygène, ils étaient assez bien conservés. Quatre cent cinquante-neuf d'entre eux ont pu être étudiés.  

La cale du Pré-Botté

Cette cale, creusée lors de la canalisation de la Vilaine dans les années 1840, a été abandonnée en 1880, puis remblayée progressivement jusque vers 1895 afin de permettre la mise en place de l'esplanade du palais du Commerce. Elle occupait la totalité de l'emprise de la future station de métro. Le remblai, dont l'épaisseur maximale atteignait 5,50 m vers le nord, était constitué d'une multitude de matériaux modernes et de couches de dépotoir compactés. Ainsi de nombreux objets de la vie quotidienne de l'époque ont été retrouvés.