Localisation des sites sur le territoire de Rennes

Couvent de la Visitation, rue Saint-Melaine

Localisation du carrefour dans le quadrillage que formaient les rues de la ville antique.  Couvent de la Visitation, Rennes (Ille-et-Vilaine), 2004.  © Arnaud Desfonds, Inrap, Stéphane Jean, Inrap, Gaétan Le Cloirec, Inrap, Thierry Lorho, SRA, Dominique Pouille, Inrap
Localisation du carrefour dans le quadrillage que formaient les rues de la ville antique.
Couvent de la Visitation, Rennes (Ille-et-Vilaine), 2004.
© Arnaud Desfonds, Inrap, Stéphane Jean, Inrap, Gaétan Le Cloirec, Inrap, Thierry Lorho, SRA, Dominique Pouille, Inrap

Description

En préalable à la création d'un centre commercial à l'emplacement du couvent de la Visitation (construit entre 1632 et 1665), une fouille préventive a été menée sur une surface de 4 600 m² au cœur de la ville de Rennes. Ce secteur, proche du centre géographique de l'agglomération antique, ne coïncide pas avec le véritable centre urbain, situé, lui, environ 300 m plus au sud, à proximité du castrum.

Résultats

La fouille a révélé une occupation continue, entre le Ier et le IVe siècle, de part et d'autre de deux rues orthogonales (decumanus, orienté est-ouest, reconnu sur 70 m et cardo, orienté nord-sud, sur 40 m). Un déclin s'amorce à partir de la fin du IIIe siècle, malgré un programme de réaménagement et la création d'un établissement commercial utilisé jusqu'au milieu du IVe siècle. L'abandon définitif se réalise avant la fin de ce même siècle et le site retourne à l'espace rural, avec l'apparition de parcelles n'ayant plus rien à voir avec la trame antique. L'utilisation et la réfection ponctuelle du decumanus perdure cependant jusqu'à la fin du Ve siècle, si ce n'est plus. Il faudra attendre le XIIIe siècle pour que le site soit réinvesti et rebâti en partie grâce à la récupération des restes de maçonneries antiques.

Les signes d'un projet urbain précoce ?

La dynamique d'occupation est caractéristique d'un secteur en situation périphérique par rapport au cœur d'une agglomération antique. Les premières implantations, qui apparaissent entre les années 10 et 30, préfigurent la trame viaire avant même qu'elle ne soit créée, au milieu du Ier siècle. Le paysage s'ordonne déjà selon un quadrillage et les espaces où s'implanteront les rues sont mis en réserve, ce qui laisse supposer la préexistence d'un projet urbain à l'échelle de la ville.

Des constructions résidentielles se subsistant aux activités artisanales  


Les premières occupations, puis celles qui se succèdent de part et d'autre des chaussées, s'accompagnent d'activités liées aux arts du feu (sidérurgie) et à la mouture. Elles cèdent peu à peu la place à un bâti entièrement voué à l'habitat, qui se déploie en plusieurs phases du sud (centre urbain) vers le nord. Cette dynamique aboutit, vers le milieu du IIe siècle, à un quartier résidentiel marqué par un renouveau architectural dont l'ampleur suggère qu'il résulte d'une incitation des autorités municipales. Ces réalisations, parfois monumentalisées et développant, le long du cardo, une véritable mise en scène du bâti en direction du centre urbain, incorporent notamment un thermopolium (taverne), dont on a observé la cuisine et une salle ouverte sur la rue. En arrière, des constructions privées avec jardins relèvent de plusieurs propriétés, dont l'une adopte la forme d'une domus.  

Un établissement commercial extra muros au début de l'Antiquité tardive  

La charnière des IIIe-IVe siècles est marquée par un programme d'aménagements qui détonne singulièrement avec ce qu'on observe habituellement dans les anciens quartiers de la ville ouverte, une fois l'enceinte urbaine édifiée. On constate ainsi un abaissement du niveau de circulation du decumanus, permettant la desserte d'un quai de déchargement en liaison avec l'activité d'un probable établissement commercial. Ce dernier incorpore les constructions de la domus antérieure et bénéficie de nouvelles bâtisses, dont l'une à remployé les fragments de deux tholoi (édifices religieux de plan circulaire) miniatures en terre cuite. Ces ornements proviendraient d'un des jardins antérieurs, témoignant de l'ancien caractère résidentiel du lieu.