Un étonnant système hydraulique a été découvert dans le quart nord-ouest de la fouille. Deux longs canaux en pierres sèches, couverts de dalles et enfouis à un peu plus d'un mètre de profondeur, étaient reliés à un puits de décantation. D'après la nature du terrain et les pentes, on peut supposer qu'il s'agissait d'un système d'épandage des eaux usées de la domus voisine, conçu suivant le même principe que les systèmes d'épandage actuels. Toutefois, même si elle semble moins probable, on ne peut écarter l'hypothèse d'une fonction de collectage des eaux de surface.
Parking de la place Hoche, Rennes (Ille-et-Vilaine), 1994.
© Équipe de fouille Inrap
Parking de la place Hoche, Rennes (Ille-et-Vilaine), 1994.
© Équipe de fouille Inrap
Description
Une fouille préventive a pris place en 1994 avant la création d'un parking souterrain d'une surface de 4 000 m2. Sur la quasi totalité de cet espace, des vestiges correspondant à un quartier de la ville antique ont pu être observés. Ces terrains sont abandonnés après milieu du IIIe siècle et ne semblent plus être occupés jusqu'au XVIIe siècle, où des maisons apparaissent le long de la rue Saint-Melaine, qui borde la zone de fouille au sud. À la même époque, dans la partie nord du site, des bâtiments faisant partie du couvent des Carmélites sont édifiés. La création de l'actuelle place Hoche, à la fin du XIXe siècle, fera disparaître ce qui reste de ces constructions.Résultats
Les traces d'urbanisation les plus anciennes remontent au début du Ier siècle, avec le découpage du secteur en parcelles afin de l'intégrer à la trame de rues orthogonales de la ville nouvellement créée. Les premières maisons à architecture de terre et de bois s'installent en bordure d'une rue (un decumanus) qui traverse le site d'ouest en est. Ce sont des constructions simples et de superficie relativement réduite, séparées par des venelles empierrées. Dans les cours ou en bordure des ruelles se trouvent des puits, qui alimentent le quartier en eau.Un quartier de forgerons
Dans la seconde moitié du Ier siècle, des forgerons transforment ce secteur de la ville en un véritable quartier artisanal, dont les échoppes donnent sur la rue. Plusieurs types d'ateliers spécialisés dans différentes tâches se partagent l'espace. Certains mettent en forme des lingots de fer provenant de sites de production situés à la campagne. D'autres effectuent des assemblages par rivetage ou par soudure. Quelques échoppes, dans lesquelles sont travaillés des métaux précieux, se chargent de la décoration des pièces et de leurs finitions (meulage ou polissage).
De vastes demeures urbaines
Cette activité perdure jusque vers la fin du IIe siècle, puis laisse place à au moins deux vastes demeures urbaines. L'une d'elles, située dans l'angle nord-ouest de la fouille, est équipée de galeries à colonnades. Elle adopte un plan classique inspiré des modèles méditerranéens. L'autre est une maison mixte, c'est-à-dire que, outre la partie habitation, elle est pourvue de locaux servant sans doute au stockage de denrées alimentaires provenant de la campagne. Il est probable que ces produits étaient ensuite commercialisés en ville par d'autres marchands.
Sur le côté sud de la rue, face à cette propriété, se situe un espace réservé accueillant de petits édicules circulaires ayant sans doute une vocation cultuelle. Des fragments de statuettes de divinités en terre ainsi que quelques monnaies ont été retrouvés au pied de l'un d'entre eux, témoignant sans doute de rituels de dévotion.
Dès la fin du IIIe siècle, après l'abandon des lieux, ces constructions ont été en grande partie démantelées et leurs matériaux réutilisés pour l'édification de la muraille de fortification tardive du castrum. On n'en connaît donc que le plan.