
Lot de céramiques trouvées dans une sépulture antique.
Le Barrage, Ports (Indre-et-Loire), 2012.
© Nicolas Holzem, Inrap
Le Barrage, Ports (Indre-et-Loire), 2012.
© Nicolas Holzem, Inrap
Description
La fouille, menée sur 15 000 m² entre les mois de mars et juillet 2012, a permis de mettre en évidence une enceinte néolithique à fossés interrompus, une nécropole antique et médiévale, ainsi qu'un petit habitat carolingien. Elle est située sur la rive gauche de la Vienne, à un peu plus d'une centaine de mètres de la fouille du Barrage 1 qui avait mis au jour une série de fosses d'extraction de l'âge du Bronze final.Résultats
Une enceinte à fossés interrompus du Néolithique moyenLa fouille de la portion d'enceinte de forme elliptique reconnue sur l'emprise de la fouille n'a pas permis de préciser la fonction de cet édifice. Cette enceinte néolithique à fossés interrompus se compose de fosses d'une longueur variant entre 10 et 30 m, d'une largeur de 1,50 à 2,80 m et d'une profondeur allant jusqu'à 1,10 m, qui forment une vaste ellipse. Une partie de cette enceinte est hypothétique, car elle a été érodée au nord-est par la Vienne, et est détruite au nord-ouest par la construction de l'autoroute A10.
La succession de fossés est doublée par un petit fossé interne, reconnu sur une trentaine de mètres, en retrait de 3,50 m. Celui-ci pourrait être interprété comme une tranchée de palissade venant compléter le système d'enceinte et participant peut-être à un dispositif d'entrée localisé au sud. L'étude du comblement des fossés a montré que les matériaux extraits lors de leur creusement ont servi à élever un talus à l'intérieur de l'enceinte. Au cœur de cette enceinte, une cinquantaine de structures de combustion a été observée. Il s'agit de fosses, peu profondes, dans lesquelles ont été accumulées des pierres. La réalisation d'un feu, recouvert ensuite de terre par exemple, permettait la cuisson des aliments à l'étouffée. Ces fours nécessitaient d'être entièrement démontés et curés pour une nouvelle utilisation.
Une nécropole antique et mérovingienne
Après un hiatus important, le site est réinvesti au Ier siècle de notre ère, avec la mise en place d'une nécropole, dont l'usage perdure jusque dans la première moitié du VIIe siècle. Durant l'Antiquité, la nécropole regroupe dans un premier temps uniquement des incinérations. À partir du IIe siècle, des incinérations et des inhumations coexistent. Les deux ensembles de sépultures antiques ont révélé un mobilier conséquent et bien conservé témoignant des cérémonies funéraires en vigueur à cette époque. Le dernier groupe de sépultures, de la période médiévale, regroupe uniquement des inhumations, d'adultes et d'enfants. Le mobilier d'accompagnement des morts est rare, contrairement aux tombes des siècles antérieurs. Il ne concerne que des éléments provenant de l'habillement des défunts.
Une organisation du territoire agricole à l'époque carolingienne
À proximité de la zone funéraire, une construction sur solins de pierre a été mise au jour. Elle connaît plusieurs modifications au cours des IXe et Xe siècles. Des vestiges carolingiens ont été découverts sur plusieurs secteurs de la fouille. Ils se présentaient essentiellement sous la forme de trous de poteau attestant l'existence de plusieurs bâtiments, répartis de part et d'autre d'un chemin qui longeait les parcelles cultivées. Cet axe de circulation menait vers les bords de la Vienne, jusqu'à ce qui était peut-être alors un franchissement par bac, à l'emplacement du pont actuel de l'autoroute A10 et du viaduc de la LGV.
L'ère industrielle
Près de 1 000 ans après l'occupation médiévale, la construction d'un barrage hydroélectrique sur la Vienne donne son nom au hameau proche des Maisons Rouges. Mais, avant ce dernier, l'industrialisation ferroviaire avait déjà marqué le paysage local depuis le milieu du XIXe siècle, avec la construction, plus ou moins mouvementée, de la ligne Paris-Bordeaux. Dans les années 1970, l'autoroute A10 accompagne cet élan de modernisme à grande vitesse, dont le viaduc de la LGV franchissant désormais la Vienne n'est qu'une nouvelle étape.