
Détail de mise en œuvre de l'aqueduc.
Champs de Balezand, Marigny-Chémereau (Vienne), 2011.
© Fabrice Marembert, Inrap
Champs de Balezand, Marigny-Chémereau (Vienne), 2011.
© Fabrice Marembert, Inrap
Description
Dans les Champs de Balezand, à Marigny-Chémereau, un ensemble maçonné et un aqueduc antique dominent la Vonne qui coule en contrebas, moins de 150 m au sud-est. Connu localement depuis le milieu du XXe siècle, le site antique a pu être partiellement exploré à l'occasion du diagnostic réalisé début 2011.Résultats
Le bâtimentUn grand bâtiment d'au moins 32 m de côté se développe à mi-pente du versant qui domine la Vonne selon une orientation nord-ouest / sud-est. Les murs, élevés sur une semelle de fondation de mortier de plus de 30 cm d'épaisseur, possèdent une base solide de plus de 50 cm de large. L'organisation interne du bâtiment, bien qu'estimée sur une faible superficie, comprend au minimum deux pièces, voire trois si l'on admet la présence d'une cloison au nord. Les espaces délimités semblent réguliers, avec des espacements moyens de 6,50 m. L'angle de retour du mur sud reste bien lisible et la semelle de fondation semble chaînée. De gros blocs pris dans la partie supérieure de ce mortier sont à cheval sur les deux tronçons. À l'inverse, la cloison au nord semble rajoutée a posteriori. Si l'on ne peut deviner de troncature dans le mortier de fondation, la première assise de moellons calcaires montre une absence de jonction entre le mur extérieur et la cloison interne. Au même endroit, un petit amas de moellons peut être interprété comme un effondrement de l'élévation ou comme la trace de réfections. Autour du bâtiment, le diagnostic a livré quelques structures annexes qui participaient à la compréhension du fonctionnement du site. Nous retiendrons par exemple un probable puisard muni d'un drain permettant d'évacuer le trop-plein.
Quelques éléments épars laissent entrevoir une première occupation du secteur au cours de la Protohistoire sans qu'elle puisse être caractérisée. La construction du bâtiment semble effective à partir du Ier siècle de notre ère, et son occupation semble se poursuivre durant tout le Haut Empire pour s'achever au cours de l'Antiquité tardive, peut-être au Ve siècle.
L'aqueduc
Moins de 20 mètres au nord du bâtiment, donc un peu plus haut sur le versant, un aqueduc était installé au fond d'une petite tranchée. La conduite de l'aqueduc proprement dite s'articule en deux parties distinctes : une semelle de fondation et un extrados coffré sur cette semelle. La jointure est bien visible sur les deux tronçons qui ont été dégagés. L'extrados est surbaissé, avec 35 cm environ d'épaisseur pour 45 à 50 cm de largeur. Les deux éléments emboîtés sont réalisés à l'aide de mortier (tuileau, galets calcaires), grossier pour la semelle et plus soigné et lissé pour l'extrados. Le sens d'écoulement de l'eau s'effectue de l'ouest vers l'est. Plusieurs perforations rectangulaires traversent la voute de la canalisation. Leur écartement semble aléatoire, n'assumant pas un quelconque rôle architectonique. Il s'agirait plutôt de percements d'entretien ouverts a posteriori, pour avoir accès au centre de la conduite et procéder à son nettoyage si nécessaire. Ces espaces d'entretien mettent en lumière la facilité d'accès permanente, avec une visualisation au sol de son tracé.