
Entrée du souterrain.
On note le tracé en chicane, ainsi que le mode de fabrication des murs latéraux.
La Croix de Bois, Poitiers (Vienne), 2010.
© Inrap
On note le tracé en chicane, ainsi que le mode de fabrication des murs latéraux.
La Croix de Bois, Poitiers (Vienne), 2010.
© Inrap
Description
Sur la commune de Poitiers, le diagnostic réalisé le long de l'autoroute A10 a permis de mettre au jour un enclos fossoyé protohistorique et l'entrée d'un souterrain médiéval.Résultats
Un enclos circulaire protohistoriqueLes tranchées de diagnostic ont permis de repérer un enclos circulaire à fossés interrompus. D'un diamètre de 11 m, il est constitué par au moins trois tronçons de fossés, mais il n'a pas été dégagé entièrement et son plan peut être plus complexe. La coupe réalisée montre un fossé au profil en V assez marqué, d'une profondeur de 0,90 m. Son remplissage est constitué d'argile rouge qui scelle un niveau d'effondrement constitué de fragments de calcaire issus du creusement. Le pendage des couches pourrait laisser penser qu'un talus était présent à l'extérieur de l'enclos. Aucune sépulture n'a été repérée, ni à l'intérieur de l'enclos, ni à l'extérieur, et rien ne permet d'assurer la fonction funéraire du monument. Il est également impossible d'en préciser la datation, faute de mobilier.
Quelques autres structures protohistoriques ont été relevées à proximité, mais leur datation n'est guère plus assurée.
Cet enclos qui semble isolé, du moins tel qu'on puisse en juger par le seul diagnostic, n'est pas sans rappeler l'enclos mis au jour sur le tracé de la LGV aux Basses Landes, à environ 1,5 km au nord-est.
Un souterrain médiéval
À un peu moins de 50 m de l'enclos, une structure de vaste dimension (7 m de long sur 5 m de large), constituée d'argile sombre mêlée à des plaquettes calcaires, est apparue lors du décapage d'une tranchée de diagnostic. Les contours paraissaient irréguliers, mais la présence de blocs calcaires alignés sur deux rangées a incité les archéologues à poursuivre les investigations en dégageant intégralement la structure. Au sud, une vaste salle souterraine d'une profondeur de 2,50 m environ, directement creusée dans le calcaire, a été sondée. Elle était entièrement comblée de déblais stratifiés, en partie effondrée et vraisemblablement comblée intentionnellement. Le dégagement des blocs alignés a révélé un accès en pente assez marquée, dessinant plusieurs chicanes à angle droit et se dirigeant vers la salle souterraine. Dans sa partie dégagée, l'accès est bordé par des murs en pierre sèche assez bien conservés.
Ces différents éléments permettent d'interpréter cette vaste structure comme un souterrain-refuge. Il possède un couloir d'accès étroit (environ 0,70 m) qui décrit au moins deux angles droits. Cet accès débouche dans une salle assez vaste (4,50 m de long et 2,50 m de profondeur). Le réseau se poursuit peut-être, son exploration intégrale n'étant pas envisageable dans le cadre du diagnostic.
La faible quantité de mobilier recueilli établit une fréquentation de l'endroit vers le XIe – XIIIe siècle et le courant du XIXe siècle, période à laquelle le souterrain a pu être redécouvert, et comblé.