Localisation des sites de la ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux

Le Canton des Bergauds

Vue générale du chantier.  Le Canton des Bergauds, Clérac (Charente-Maritime), 2011.  © Mila Folgado, Inrap
Vue générale du chantier.
Le Canton des Bergauds, Clérac (Charente-Maritime), 2011.
© Mila Folgado, Inrap

Description

Une occupation paléolithique en sud-Charente

Les vestiges paléolithiques mis au jour à Clérac, au lieu-dit Le Canton des Bergauds, consistent en une nappe de silex taillés, témoins d'une occupation élémentaire en rive gauche d'un chenal incisé dans les sables tertiaires.

Résultats

Le niveau archéologique

Le Canton des Bergauds occupe le flanc d'un plateau en lanière entouré de deux sous-affluents de l'Isle, l'Ary et le Mouzon. Le site paléolithique est localisé sur la partie amont du versant, orienté vers l'ouest. Il consiste en un unique niveau archéologique de silex taillés, abrité dans une légère dépression du relief. Le vallon a été colmaté à la fin du Pléistocène par des colluvions ruisselées héritées des formations sableuses tertiaires locales.

Sur 250 m² environ, le niveau archéologique alterne zones denses en vestiges et zones quasi stériles. Ce type de répartition est un bon indicateur : la fouille a mis au jour un paléosol presque intact, qui restitue assez fidèlement l'organisation spatiale domestique d'origine.

L'industrie lithique

La série étudiée compte 77 887 objets lithiques. L'industrie est constituée à 99,96 % de silex. Il s'agit d'un silex beige à crème, zoné en rubans opaques à translucides, qui, jusqu'alors, était inconnu des archéologues. L'hypothèse d'une origine locale, dans les altérites et les alluvions du Lary et du Palais directement au nord du site, est très probable.

Les éclats sont majoritaires, mais ils ne sont que les sous-produits d'un débitage de lames et lamelles. 150 outils ont pu être recensés, dont seuls 50 sont entiers. Burins et microlithes dominent le cortège, tandis que grattoirs et lames appointées restent très minoritaires.

L'industrie est une mosaïque totalement originale, sans équivalent connu à ce jour, réalisée au cours du XIIe millénaire avant notre ère. Le faciès est hypra-spécialisé dans la mesure où il ne contient aucune des armatures qui permettent de caractériser ces industries, mais il mêle des traits innovants de l'Azilien ancien et des traits hérités du Magdalénien final. En outre, Clérac est géographiquement très à l'écart des occupations contemporaines, ce qui accentue un peu plus encore l'impression de singularité.

Le statut du site

Les auteurs de l'industrie du Canton des Bergauds se sont installés en rive gauche d'un chenal incisé dans les sables tertiaires, ouvrant vers l'ouest, dans un biotope alimenté par diverses nappes d'eau. Leur occupation n'a pas été circonscrite par la fouille : le site se prolonge vers le sud et très probablement vers l'ouest.

Outre la taille du silex, l'activité la mieux représentée est le travail du cuir, mais les animaux ne sont ni abattus ni découpés sur le site. Le statut du site n'est donc pas si habituel en plein air. Il ne s'agit en effet ni d'une halte de chasse, ni d'un simple atelier de taille du silex, mais plus probablement d'un établissement temporaire stratégique. Une sorte de camp avancé à l'écart du camp de base principal, implanté de telle sorte qu'il permette d'accéder à un maximum de ressources différentes (eau, silex, animal, végétal…) sur un périmètre le plus restreint possible.

Un bond en avant

Les opérations archéologiques menées par l'Inrap le long de la ligne à grande vitesse sud-Europe-Atlantique entre le sud de la Charente et de la Charente-Maritime et le nord de la Gironde ont offert un spectaculaire bond en avant à la communauté scientifique : la transition épipaléolithique (entre le Paléolithique et le Néolithique) est à présent documentée.