
Fragments de torchis avec traces de clayonnage.
La Croneraie, Sainte-Maure-de-Touraine (Indre-et-Loire), 2013.
© Nicolas Holzem, Inrap
La Croneraie, Sainte-Maure-de-Touraine (Indre-et-Loire), 2013.
© Nicolas Holzem, Inrap
Description
La fouille réalisée au lieu-dit La Croneraie, sur 3 ha, a permis de mettre au jour une ferme aristocratique gauloise dont l'occupation est ininterrompue pendant un siècle, entre la fin du Second âge du Fer (80 avant notre ère) et la période gallo-romaine (20 de notre ère). Entre 80 et 150 de notre ère, une vaste zone d'extraction détruit en partie cet habitat. Enfin, un puits médiéval, daté de la seconde moitié du XIe-XIIe siècle, témoigne de la dernière occupation du site.Résultats
L'enclos gauloisL'établissement gaulois de la Croneraie s'implante sur le plateau de Sainte-Maure-de-Touraine, en position dominante. Il se situe aux confins du territoire de deux peuples gaulois, les Turons et les Pictons. Les limites territoriales de ces deux tribus sont imprécises. Néanmoins, la Vienne pourrait matérialiser la frontière entre ces deux entités politiques.
Le site de la Croneraie est caractérisé par un enclos quadrangulaire d'environ 0,8 ha. Seuls trois des côtés de l'enclos ont pu être fouillés, le quatrième se trouvant en dehors de l'emprise de la fouille. Sur les trois branches de l'enclos, le fossé est large d'environ 3 m et profond de près de 2 m. L'étude du mobilier céramique recueilli dans les comblements des fossés atteste d'une occupation ininterrompue pendant environ un siècle, entre 80 avant notre ère et 20 de notre ère, à cheval sur la fin de l'âge du Fer et le début de l'Antiquité.
Les habitations et leurs annexes
Parmi les occupations du Second âge du Fer et de la période antique qui se succèdent à l'intérieur du fossé de clôture, coexistent de nombreuses constructions de bâtiments sur poteaux plantés dans le sol. Les seuls témoins de l'existence de bâtiments correspondent aux fosses de creusement des trous de poteau, avec fréquemment leurs négatifs. Aucun niveau de sol, ni foyer, n'est conservé au sein de l'habitat. Au total, vingt-quatre édifices ont été mis au jour à l'intérieur de l'enclos.
Il s'agit de bâtiments de plan carré ou rectangulaire, de dimensions très diverses. Leurs surfaces s'étalent en effet entre 2 m² pour les plus petits (probables greniers aériens, petites resserres ou ateliers) et 100 m² pour les plus grands (bâtiments d'habitation). Pour ces derniers, la taille des poteaux et leur profondeur d'implantation dans le sol suggèrent la présence d'étage. Les parois des bâtiments étaient réalisées à l'aide de branchages tressés (clayonnage), enduits d'argile, dont plusieurs fragments ont été retrouvés lors de la fouille.
Abandon et destruction du site
À partir de 20 / 40 de notre ère, l'occupation du site semble péricliter. Et, entre 80 et 150, une vaste zone d'extraction vient détruire en partie l'habitat. Aucun nouvel élément bâti n'a été découvert dans l'emprise de la fouille, et le site semble alors servir principalement de carrière pour le prélèvement de matériaux limoneux. De nombreux rejets de mobiliers scellent le fossé d'enclos et la zone d'extraction. Ils indiquent la proximité d'une occupation de type villa, qui pourrait se développer immédiatement à l'est du site.
Un puits médiéval daté du XIIe siècle est percé à l'intérieur de l'enclos et témoigne là encore de la proximité d'occupations qui se situent en dehors de la zone d'étude. Enfin, aux périodes moderne et contemporaine, se développent un réseau parcellaire et une vaste fosse d'extraction dans le secteur nord de la fouille.