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Les Ruaux

Vue du diagnostic en cours sur le site des Ruaux.  Dans le creux, coule le ruisseau de la Gérandelière.  Les Ruaux, Sorigny (Indre-et-Loire), 2012.   © David Colonge, Inrap
Vue du diagnostic en cours sur le site des Ruaux.
Dans le creux, coule le ruisseau de la Gérandelière.
Les Ruaux, Sorigny (Indre-et-Loire), 2012. 
© David Colonge, Inrap

Description

Le site des Ruaux témoigne d'une longue occupation du plateau dominant la rive gauche du ruisseau de la Gérandelière qui se raccorde, vers l'ouest, au Montison. Le vaste établissement rural mis au jour couvre, sur près de dix siècles, l'Antiquité et le haut Moyen Âge.

Résultats

De l'Antiquité…

Des vestiges d'époque augustéenne indiquent une installation précoce, à la charnière de notre ère, vraisemblablement assez légère, car difficile à identifier et à localiser.

Une présence plus affirmée au milieu du Ier siècle de notre ère a laissé des traces plus nombreuses, mais encore résiduelles, en particulier près de deux bâtiments qui paraissent être le cœur de ce premier établissement. Les témoignages des IIe et IIIe siècles couvrent la totalité de la zone et semblent correspondre à l'activité maximale du site.

Pour l'Antiquité tardive, au IVe siècle en particulier, les vestiges semblent plus épars, plutôt dans la partie nord-est. Certaines importations de luxe (sigillée d'Argonne) tendent à signaler une élévation du niveau de vie des occupants.

… au haut Moyen Âge…


L'occupation se poursuit durant tout le haut Moyen Âge. Les traces de période mérovingienne sont les plus abondantes, concentrées préférentiellement dans le secteur nord-est.
Le secteur est encore fréquenté pendant la période carolingienne.
À la fin du haut Moyen Âge, ou un peu plus tard, l'extension d'un replat du terrain se fait en nivelant l'effet de marche par un remblaiement avec les matériaux de démolition / abandon des établissements précédents.

… une vocation agricole affirmée

La vocation agricole des lieux semble prépondérante.
Les bâtiments délimitent un espace central relativement vide centré sur un puits. Sur le bord ouest, deux bâtiments sont encadrés par des zones ayant conservé de bonnes épaisseurs de limons anthropisés qui évoquent des "terres à jardins" correspondant peut-être à des zones horticoles. Celles-ci sont délimitées vers l'extérieur par deux grandes dépressions qui peuvent être des petites mares.

Un des deux bâtiments revêt la fonction la plus nettement domestique : la quantité du mobilier céramique recueilli est sans commune mesure avec les autres secteurs. Un niveau de sol semble conservé sous la couche d'abandon, matérialisé par des récipients fracturés in situ et disposés à plat.

La périphérie du deuxième bâtiment, de plan moins clair, livre plusieurs dolia (un dolium est un grand vase de stockage) qui peuvent indiquer une destination plutôt de stockage dans cette zone.

Placé sur le point de rupture de la pente, le troisième ensemble maçonné fait fonction de terrasse, retenant les terres afin d'éviter une érosion trop importante du versant.

L'examen des ossements mis au jour sur le site indique la présence du trio classique des espèces domestiques d'élevage : suidés, caprinés, bovinés, avec une très nette domination du bœuf. Les équidés sont également présents, et l'absence de canidés peut être notée. Pour les espèces sauvages, il n'y a pas de sanglier, mais de nombreux fragments de cerf (consommation et travail des bois).

L'éventail de la céramique antique récoltée est classique pour un contexte rural, de condition économique moyenne, avec quelques particularités cependant. Les amphores sont peu nombreuses et il n'y a pas d'amphores à saumure ; il n'y a pas, non plus, de vases de service.

Quant aux céramiques médiévales, elles ne sont représentées que par de gros pots à usage domestique.

Le nivellement des terrains, une préoccupation diachronique

L'évolution de cet ensemble bâti jusqu'à l'époque carolingienne, voire plus tard, montre une volonté continue de niveler le terrain. Si les occupants médiévaux ont notablement transformé le site préexistant, leur préoccupation reste la même que celle de leurs prédécesseurs : préserver le replat du plateau de l'érosion en gagnant des espaces plans. Durant l'Antiquité, ceci semble assuré par le bâtiment-terrasse qui sépare le replat du versant, structurant ainsi fortement le paysage. À la fin du haut Moyen Âge, ou un peu plus tard, l'extension de ce replat se fait en nivelant l'effet de marche par un remblaiement avec les matériaux de démolition / abandon des établissements précédents.