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L'Anguicherie

Vue d'ensemble du four de potier.  L'Anguicherie, Chambray-lès-Tours (Indre-et-Loire), 2012.   © Inrap
Vue d'ensemble du four de potier.
L'Anguicherie, Chambray-lès-Tours (Indre-et-Loire), 2012. 
© Inrap

Description

Le diagnostic réalisé sur la commune de Chambray-lès-Tours a permis de mettre au jour un atelier de potier daté de la seconde moitié du VIe siècle ou du début du VIIe siècle, au lieu-dit L'Anguicherie. Étendu sur environ 6 000 m², l'ensemble se compose d'un four de potier et de structures linéaires de type fossé et drain qui lui sont sans doute associés.

Résultats

Le four de potier

Apparu à une trentaine de centimètres à peine sous le niveau du sol actuel, le four, très arasé, est mal conservé. Il est composé de plusieurs fosses dont la chronologie relative est difficile à démêler du fait de l'érosion des structures. En surface, l'ensemble est délimité par un niveau limono-argileux ponctué de fragments microscopiques de terre cuite. Au centre, de nettes traces de rubéfaction permettent d'individualiser plusieurs fosses accolées à une fosse centrale dont les contours sont bien marqués. Argile, éléments rubéfiés (terre cuite, parois de four, silex, pierres calcaires), charbons de bois, fragment de tuile plate à rebord de tradition antique (tegula) et nombreux fragments de récipients sont présents dans les comblements de cette fosse quadrangulaire à angles arrondis, probable fosse de travail du four. Une quinzaine de fragments de terre cuite présente des traces de clayonnage. Ces éléments proviennent de la destruction de l'architecture de la chambre de cuisson du four, comme l'atteste la présence de deux fragments vitrifiés. Cette vitrification est en effet le résultat d'une cuisson à très haute température. La chambre de cuisson des céramiques se trouve dans le prolongement de la fosse de travail. Il s'agit d'une fosse rubéfiée, allongée, et très arasée.

Le four est bordé de structures d'évacuation des eaux (fossé, drain) dont le but est de protéger l'activité potière. Ce genre de dispositif est récurrent sur ce type de production artisanale où la mise hors d'eau est une condition indispensable au fonctionnement du four.

La production céramique

Parmi le mobilier céramique recueilli, abondant pour la période du haut Moyen âge en contexte rural, plusieurs fragments de récipients présentent des caractéristiques attribuables à des ratés de cuisson : tessons trop cuits, ou, au contraire, pas assez cuits et témoignant de problèmes de séchage (fissures, desquamation).

Dans son ensemble, le mobilier présente une grande homogénéité technologique. Tous les vases ont été façonnés au tour rapide. Les éléments technologiques et morphologiques permettent d'attribuer ces céramiques à la période mérovingienne. Les comparaisons permettent de rapprocher ce lot des rebus de cuisson mis au jour dans le four de potier d'Issoudun, et en particulier les grands pots à cuire à lèvres versées sans col. La datation des productions d'Issoudun, s'appuyant sur la présence de décors à la molette, est attribuée à la fin du VIe – début du VIIe siècle. L'absence totale de décor à la molette à L'Anguicherie est une spécificité marquante : faut-il y voir une limite technique du potier ou, plus vraisemblablement, une production qui reste strictement cantonnée à la vaisselle domestique courante ? La diffusion des productions de l'atelier de L'Anguicherie, au VIe-début du VIIe siècle, semble être très limitée, puisque les céramiques qui y sont produites, en particulier les pots à cuire ou à oreilles percées de diamètre compris entre 22 et 25 cm, ne se retrouvent ni sur les sites de consommation de Tours, ni sur le site de Joué-lès-Tours.