
Coupe d'une fosse d'implantation de poteau.
La trace la plus sombre, sur la droite de la photographie, révèle la présence du poteau de bois, désagrégé depuis.
Nétilly, Sorigny (Indre-et-Loire), 2012.
© Inrap
La trace la plus sombre, sur la droite de la photographie, révèle la présence du poteau de bois, désagrégé depuis.
Nétilly, Sorigny (Indre-et-Loire), 2012.
© Inrap
Description
La fouille menée à Nétilly, sur la commune de Sorigny, a permis de mettre au jour un ensemble de silex taillés de l'extrême fin du Paléolithique supérieur, ainsi qu'une occupation agro-pastorale qui s'installe au même endroit de la fin de l'âge du Fer à la période antique, sans discontinuité.Résultats
Premiers indices d'occupationLes occupations protohistorique et antique du site de Nétilly ont paradoxalement permis de préserver les vestiges d'un campement du Paléolithique supérieur. En effet, la plupart des silex taillés ont été découverts dans le comblement des fosses où ils ont été préservés de l'érosion. Quelques rares silex en position primaire ont été scellés par les limons de plateau, présents sous la forme de minces placages dans les anfractuosités du calcaire. L'assemblage lithique est particulièrement homogène, bien que numériquement faible. Les silex présentent un excellent état de fraîcheur. Les caractères technologiques et typologiques (pièces machurées) de l'assemblage lithique autorisent une attribution chrono-culturelle fiable au Belloisien, rarement observé dans la région. Au cours de la première moitié du Xe millénaire avant notre ère, cette culture de la fin du Tardiglaciaire se distingue par la production de lames rectilignes pouvant être de grand gabarit, débitées au percuteur de pierre tendre. Le site de Nétilly constitue à ce jour le point d'extension le plus méridional du territoire des groupes de chasseurs-cueilleurs belloisiens dont la sphère culturelle se rattache au nord-ouest de l'Europe.
Une occupation agro-pastorale de la fin du Second âge du Fer à la fin du Haut-Empire
Après un hiatus chronologique important, une occupation agro-pastorale enclose s'installe à Nétilly. Trois principales phases peuvent être distinguées.
La première, datée de la fin du Second âge du Fer et du début de l'Antiquité, est marquée par un système de fossés parcellaires et deux enclos, qui s'organisent en deux pôles d'habitat, de part et d'autre d'un vallon. De vastes bâtiments à caractère résidentiel assis sur d'imposants poteaux porteurs profondément ancrés dans le sol sont associés à des annexes et à des clôtures en matériaux légers. Des enclos palissadés ou fossoyés ceinturent deux des habitats. Des fossés sont creusés dans l'axe du vallon, assurant à la fois une fonction de délimitation des espaces et de drainage des terrains.
À la deuxième phase, au Ier siècle de notre ère, la fonction de l'occupation semble changer. Alors marqué par l'aménagement et l'extension du parcellaire existant, mais en conservant la même orientation, le site ne présente plus de bâtiment résidentiel. Cette phase est davantage marquée par une activité agro-pastorale, organisée autour d'unités de petites dimensions, peu ancrées, et avec quelques enclos pour parquer le bétail. Les données recueillies lors de la fouille, sur une trop petite surface, n'ont pas permis de définir précisément la nature de l'occupation. Sommes-nous dans la pars rustica d'une villa gallo-romaine qui s'élèverait en dehors de l'emprise de la fouille, ou bien au cœur d'une petite exploitation agricole autonome ? La rareté des mobiliers nous renseigne assez peu, pour cette période, sur le statut des propriétaires des lieux.
Bien qu'encore timidement occupé lors de la troisième phase, au IIe et au IIIe siècle de notre ère, le site de Nétilly semble peu à peu abandonné. Les réfections de fossés se raréfient ainsi que les constructions, qui sont plus légères. Il est probable que les populations antiques se soient déplacées vers d'autres lieux de villégiature.