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La Grande Brousse

Biface en silex.  Londigny, La Grande Brousse (Charente), 2012.  © Pascal Rouzo, Inrap
Biface en silex.
Londigny, La Grande Brousse (Charente), 2012.
© Pascal Rouzo, Inrap

Description

Le site de Londigny est localisé sur le seuil du Poitou, à la jonction des Bassins parisien et aquitain. Découvert en 2011 et fouillé en 2012, il a livré, piégée en bordure de doline, une séquence stratigraphique du Pléistocène moyen et du début du Pléistocène supérieur, incluant plusieurs ensembles archéologiques des Paléolithiques inférieur et moyen.

Résultats

Une séquence du Pléistocène moyen et supérieur en Charente

Le site est localisé sur un plateau calcaire Jurassique en surplomb de la vallée encaissée de La Péruse, petit affluent de la Charente, qui s'écoule à l'est. La présence de dolines dans ce secteur a permis la conservation d'une sédimentation qui couvre les 400 000 dernières années. Elle a également, à l'endroit de la fouille, permis la préservation des vestiges laissés par les Hommes lors de multiples fréquentations.

L'approche a été mécanisée au maximum, ce qui a permis la fouille extensive du site (3 000 m² fouillés) et l'exploration de l'ensemble de la couverture sédimentaire pléistocène contenant les vestiges, exclusivement lithiques, qui atteint par endroits 3 m de puissance. La séquence sédimentaire observée comprend schématiquement au-dessus du substratum calcaire : à la base, des argiles jaunes provenant de l'altération des calcaires, des limons argileux brun-rouge dans lesquels s'inscrit un paléosol (unité 2), des limons brun-jaune d'origine éolienne (unité 3) et, enfin, les limons bruns du sol Holocène (unité 4).

Les limons supérieurs (unités 3 et 4) contenaient des vestiges archéologiques disséminés sur toute leur épaisseur, sans concentrations identifiables.

Le Paléolithique moyen


Les datations par thermoluminescence sur silex chauffé mettent en évidence au moins une phase d'occupation contemporaine du début glaciaire weichsélien (dernière grande période glaciaire de la fin du Pléistocène, il y a environ 100 000 ans) dans les unités 3 et 4, et indiquent que du matériel correspondant à des occupations beaucoup plus anciennes (entre 200 000 et 300 000 ans) s'est retrouvé piégé dans ces mêmes limons. Les ensembles archéologiques contenus dans ces limons se composent de petits bifaces, partiellement aménagés, associés à des outils sur éclats.

Le Paléolithique inférieur


L'ensemble paléolithique inférieur est contenu dans un paléosol qui représente le bilan de plusieurs interglaciaires (unité 2). Il est daté aux alentours de 400 000 ans par thermoluminescence (méthode de datation basée sur la radioactivité de cristaux anciennement chauffés). Il se compose de 147 pièces taillées dans des silex jurassiques locaux et comprend des pièces bifaciales et des outils sur éclats (encoches et denticulés). L'analyse technique montre un débitage simple, sans préparation des volumes, où une petite série d'enlèvements unidirectionnels est détachée depuis un plan de frappe naturel.

Le petit ensemble lithique de Londigny apparait donc cohérent aux plans technique et typologique et s'inscrit parfaitement dans la variabilité des gisements du Paléolithique inférieur connus en Europe entre les stades isotopiques 12 et 9.

Un jalon important entre Paléolithique inférieur et Paléolithique moyen, et entre Nord et Sud

Le gisement de Londigny constitue à l'heure actuelle un des rares témoins des activités humaines sur le seuil du Poitou au Paléolithique ancien en contexte stratigraphique et chronologique fiable. Il semble bien que les assemblages lithiques de Londigny expriment la position géographique intermédiaire du site, entre les peuplements méridionaux et septentrionaux que des spécificités dans les traditions techniques paraissent distinguer tout au long du Paléolithique ancien et du Paléolithique moyen, bien qu'à des degrés variables. L'ensemble inférieur de la séquence de Londigny peut être superposé sans difficulté aux manifestations de l'Acheuléen de la moitié nord de la France. À l'opposée, l'ensemble médian évoque des traditions techniques plus méridionales (Sud-Ouest), en particulier dans la conception de l'outillage bifacial.

Le Seuil du Poitou, à la jonction de deux bassins sédimentaires et d'un massif ancien est une zone de contact dont le site de Londigny représente aujourd'hui un témoin incontournable et essentiel.