Sur ce cliché des années 1930 pris lors de la réalisation des terrassements pour la construction des Galeries Lafayette, on voit nettement, en coupe, le mur roman. Les restes de maçonnerie que l'on distingue moins bien sur la gauche correspondent sans doute à la courtine du castrum.
Ruelle du Cartage, Rennes (Ille-et-Vilaine), 2004.
© Musée de Bretagne
Ruelle du Cartage, Rennes (Ille-et-Vilaine), 2004.
© Musée de Bretagne
Description
Le projet d'agrandissement des Galeries Lafayette est à l'origine de ce diagnostic entrepris en 2004. Malgré la faible taille de l'emprise (150 m2), ces investigations se justifient du fait qu'elles portent sur une étroite bande de terrain d'orientation nord-sud directement située au contact du tracé de la muraille antique au sud, dans un secteur de la ville pour lequel on ne dispose que de très peu d'informations.Résultats
À cet emplacement situé non loin du cours de la Vilaine, le relief présente une déclivité assez marquée vers le sud. Les observations anciennes ont montré que la muraille antique était installée en bas de pente, mais n'est pas conservée à cet emplacement. Le diagnostic a fait apparaître que la stratigraphie a malheureusement été totalement écrêtée à une époque indéterminée ; ainsi, dans les deux tiers nord de la parcelle, le socle rocheux affleurait relativement près de la surface du sol actuel, directement sous des remblais stériles. En revanche, dans la partie méridionale de l'emprise, les vestiges d'un très gros mur ont pu être mis en évidence.Un édifice médiéval monumental
Le mur, constitué par une solide maçonnerie de pierres liées au mortier de chaux, présente une mise en œuvre soigneuse permettant d'affirmer qu'il s'agit d'un ouvrage de prestige. Sa largeur importante (2,30 m en partie inférieure, puis 2,10 m un peu plus haut) traduit elle aussi un statut particulier et permet de supposer qu'il fait partie d'une construction monumentale. Quelques tessons de céramique retrouvés à son pied, sous la couche de gravats de son chantier de construction, suggèrent qu'il remonte à l'époque romane (XIIe-XIIIe siècle). Rougie par le feu, la face sud de la maçonnerie permet de supposer que l'édifice a été ravagé par un incendie qui pourrait être à l'origine de son abandon.
Un monument appuyé sur l'ancienne fortification
Ce tronçon de mur d'orientation est-ouest est parallèle au tracé de la courtine du castrum antique et marque une terrasse très escarpée. On suppose que la construction à laquelle il appartenait s'appuyait au sud sur la fortification. Sur son côté nord, correspondant à l'extérieur du monument, la maçonnerie repose en effet sur le rocher affleurant assez près de la surface du sol actuel. Au sud, dans l'espace correspondant à l'intérieur de la construction, elle plonge très profondément, sans doute jusqu'à une altitude voisine de celle de la base de la muraille antique. Pour des raisons de sécurité, le diagnostic n'a pas permis d'atteindre ce niveau, cependant des marques d'encastrement de poutres de plancher permettent d'en restituer la configuration et de comprendre comment ces installations s'articulaient entre-elles.
Le boulevard de circulation interne du castrum
Traditionnellement, la face interne des fortifications antiques était doublée par un boulevard facilitant le déplacement des troupes à l'intérieur de l'enceinte, cependant à Rennes l'existence de celui-ci n'avait jamais été prouvée. Le profil du terrain qui a pu être restitué grâce aux observations réalisées lors du diagnostic montre que c'est sans doute cet espace de circulation qui a été occupé à l'époque romane par le monument mentionné plus haut. L'examen des plans anciens réalisé conjointement à cette opération a d'ailleurs permis de reconnaître les traces du boulevard fossilisées dans le parcellaire.