Localisation des sites sur le territoire de Rennes

52-56 rue de Dinan

Vue du caniveau initialement coffré de bois. Son orifice d'alimentation est équipé d'un filtre en plomb, ce qui révèle une volonté d'éviter son colmatage . Cette précaution suggère que les liquides qui y étaient évacués devaient être chargés de matériaux ou de matières organiques.  52-56 Rue de Dinan, Rennes (Ille et Vilaine), 1995.  © Michel Baillieu, Inrap 
Vue du caniveau initialement coffré de bois. Son orifice d'alimentation est équipé d'un filtre en plomb, ce qui révèle une volonté d'éviter son colmatage . Cette précaution suggère que les liquides qui y étaient évacués devaient être chargés de matériaux ou de matières organiques.
52-56 Rue de Dinan, Rennes (Ille et Vilaine), 1995.
© Michel Baillieu, Inrap 

Description

Cette fouille préventive résulte du dépôt d'un projet immobilier intervenant dans un secteur de la ville antique pour lequel des observations anciennes rapportent la présence de vestiges d'époque romaine. L'essentiel de ces derniers a été observé dans la partie ouest de l'emprise du site. En effet seule cette zone, d'environ 150 m2, a échappé à des destructions massives causées par l'extraction de limon argileux à la fin du Moyen Âge ou à l'époque moderne. Cette exploitation du sous-sol pourrait être liée à la construction de maisons à pans de bois pour lesquelles on a eu besoin d'argile ; toutefois l'étude d'archives menée pour tenter d'expliquer le creusement de ces fosses n'a pas été concluante.

Résultats

Des parcelles occupées dès le début du Ier siècle  

Les vestiges les plus anciens remontent aux deux premières décennies de notre ère. À ce moment où la ville n'est encore qu'un grand chantier, les occupants des lieux organisent et structurent l'espace au moyen de fossés larges et profonds. L'un d'eux a été observé sur le site. Des traces de foyers installés à même le sol et remontant à la même époque témoignent d'une activité humaine qu'il est cependant impossible de préciser. D'ailleurs aucun emplacement de constructions contemporaines n'a été observé.

Les bâtiments à pans de bois du Ier siècle

Vers le premier quart du Ier siècle, les premiers bâtiments sont édifiés sur cette parcelle. À cette époque, on construit essentiellement en pans de bois hourdés de terre. C'est de ce type d'architecture que les traces ont été retrouvées ici, parfois sous forme d'alignements de trous de poteaux associés à des poutres sablières posées sur le sol. Les pièces, au sol de terre battue comportant des traces de foyers, sont généralement assez petites. Les bâtiments alternent avec des cours et des venelles sommairement aménagées, où l'on peut parfois observer des traces de foyers sur des aires d'argile damée. Ces traces évoquent l'existence d'activités artisanales non identifiées ainsi que d'espaces de stockage, dont la nature n'a pas pu être clairement établie. 

Des bâtiments maçonnés à partir du IIe siècle
 

On assiste vers la fin du Ier siècle à une réorganisation de l'espace. Celle-ci se concrétise par l'apparition d'une architecture plus durable, recourant à la maçonnerie liée au mortier. Deux bâtiments quadrangulaires s'installent notamment à l'ouest de la parcelle, dans l'espace occupé par l'actuelle rue de Dinan. À l'est de ceux-ci se développe alors un espace extérieur au sein duquel a été identifiée une installation excavée évoquant une structure de stockage enterrée. Dans un second temps, un vaste bâtiment quadrangulaire occupe la zone ; seuls quelques lambeaux de fondations en ont été retrouvés.  

Malheureusement l'état de conservation du site, dont les couches archéologiques antiques les plus récentes ont été bouleversées, ne permet pas de cerner précisément les étapes de l'occupation antique.  

Un énigmatique édifice monumental 

En limite orientale de la parcelle, au-delà de la zone perturbée par l'extraction d'argile, l'angle sud-ouest d'un édifice monumental se développant au-delà des limites de la fouille a été reconnu. Seules ses fondations, matérialisées par des tranchées empierrées larges respectivement de 1,20 et 1,30 m, étaient conservées.  

Juste à côté se situait un puits d'un diamètre inhabituel : 1,50 m pour l'orifice de puisage et 3,40 m pour le chemisage maçonné. Il n'a malheureusement pu être intégralement fouillé. La partie supérieure de son comblement, vidée mécaniquement jusqu'à 8 m de profondeur, a fourni de nombreux fragments de céramique ainsi que quelques petites statuettes de divinités en terre blanche. Des fragments de placage de bassin ou de sol en schiste ardoisier, ainsi que des blocs de maçonnerie provenant sans doute de l'édifice voisin ont également été découverts dans ce remplissage. Ces éléments d'architecture, notamment les placages de schiste, témoignent de la qualité du monument, sans toutefois permettre d'évoquer sa fonction. 

Un tout proche atelier de patenôtres au XVIIIe siècle
 

Dans la zone détruite par l'extraction de matériaux, plusieurs fosses étaient remplies de déchets de fabrication de chapelets en os remontant au XVIIIe siècle. Elles témoignent de la proximité d'un atelier de fabrication, mais dont la localisation exacte demeure inconnue. Les vestiges retrouvés permettent de reconnaître les différents stades de fabrication de ces objets aujourd'hui oubliés, mais qui furent si répandus jadis.