Vue d'ensemble de la fouille. Sur le côté gauche de la photo, les dalles de couverture du collecteur d'évacuation des thermes, profondément enterré, sont visibles. Au premier plan, l'angle de mur maçonné est tout ce qu'il reste d'une construction bordant le côté sud de la rue. Cette dernière, défoncée de toute part en raison de la présence de creusements plus récents, se situe sur le côté droit de la photo, au niveau de la serre.
61-65 rue de Dinan, Rennes (Ille-et-Vilaine), 1989.
© Yannick Pannetier, AFAN
61-65 rue de Dinan, Rennes (Ille-et-Vilaine), 1989.
© Yannick Pannetier, AFAN
Description
Le projet de construction d'un ensemble d'immeubles est à l'origine de cette fouille menée en 1989 sur 1 000 m2. Il intervient en effet dans un secteur particulièrement sensible de l'agglomération antique, où un établissement thermal a notamment été identifié et pour lequel on dispose aussi de nombreuses mentions de découvertes remontant au XIXe siècle.Résultats
La fouille a permis d'étudier des vestiges de plusieurs constructions d'époque romaine bordant une rue d'orientation est-ouest (decumanus). Le quartier semble être urbanisé dès le début du Ier siècle, ce qui se concrétise alors surtout par la mise en place de la chaussée. Des bâtiments s'installent ensuite en bordure de celle-ci pour former un quartier de la ville assez dynamique, voisin des thermes publics. Cette occupation dure jusqu'à la fin du IIIe siècle, époque à laquelle le secteur, comme beaucoup d'autres, commence à être délaissé. Son abandon est total à partir du Ve siècle. Il devient alors une friche.Une rue importante de la ville
On ne connaissait, jusqu'à la réalisation de cette fouille, que peu de chaussées de Condate.
Le tronçon observé sur ce site est le prolongement occidental d'un autre, détecté précédemment à quelques centaines de mètres à l'est de là mais n'ayant pu être observé en détail et qui fut retrouvé à nouveau quelques années plus tard. Dans ce quartier, il est soigneusement construit. En effet la bande de roulement centrale, constituée d'un petit cailloutis, est jalonnée de blocs de quartz faisant office de bordures. Ceci est probablement lié au statut particulier de cet axe. Cet espace urbanisé, situé non loin de la rivière Ille, profite d'une petite proéminence du terrain empiétant sur les prairies marécageuses. À ce jour, aucune autre chaussée ni secteur bâti aussi proche du cours d'eau n'a été reconnu ; on peut d'ailleurs se demander si cette rue ne se prolongeait pas au-delà du cours d'eau, vers la campagne. Sur le cadastre napoléonien, on peut observer des limites de parcelles situées dans son prolongement, elles pourraient être l'ultime trace d'une route disparue.
La partie occidentale des thermes publics
Sur le côté sud de la chaussée, deux égouts maçonnés destinés aux vidanges des piscines des thermes publics voisins ont pu être observés. L'un d'eux prolonge probablement un collecteur retrouvé lors de la fouille partielle de cet établissement. En bordure de cette canalisation, deux importants murs perpendiculaires peuvent être interprétés comme l'angle nord-ouest de l'enclos principal du monument. Un autre mur, non reconnu lors de la fouille car totalement démonté, prolongeait cet enclos vers l'ouest. Il a d'ailleurs été récemment étudié dans une parcelle voisine. Cet espace, qui a révélé de multiples niveaux de chantier, constituait probablement la zone technique des thermes.
Des boutiques en bordure de rue ?
Sur le côté nord de la chaussée, un grand bâtiment soigneusement édifié en maçonnerie est installé à la fin du Ier siècle. Sa configuration a conduit le fouilleur à y voir une construction à vocation commerciale qui aurait également fonctionné durant le IIe siècle. Cette interprétation s'accorde assez bien avec le statut de cette rue reliée au centre supposé de l'agglomération, ce qui en fait un secteur très vivant de la ville.