Localisation des sites sur le territoire de Rennes

57 rue d'Antrain

Vue générale des vestiges.  Rue d'Antrain, Rennes (Ille-et-Vilaine), 1981.  © Annie Bardel, Université de Rennes II
Vue générale des vestiges.
Rue d'Antrain, Rennes (Ille-et-Vilaine), 1981.
© Annie Bardel, Université de Rennes II

Description

Cette intervention, réalisée au printemps 1981 par l'équipe de l'Institut armoricain de recherches économiques et humaines de l'université de Rennes, a été réalisée en urgence suite à l'apparition de deux fours de potiers partiellement détruits par la construction d'un immeuble dans la rue du Moulin Saint-Martin, située dans la partie nord de la ville. Malgré le fort arasement résultant des travaux de terrassement déjà en cours et la surface restreinte sur laquelle a porté l'intervention archéologique, cette opération a tout de même permis la sauvegarde de données importantes pour documenter un artisanat potier des XVIIIe-XIXe siècles (voir également l'article sur la faiencerie rennaise).

Résultats

Une faïencerie rennaise sous l'immeuble  

Les 25 m2 disponibles à la fouille correspondent à la surface occupée par les restes de deux fours accolés. Ceux-ci sont construits à l'aide de briques de modules différents suivant que l'on se place au niveau de leurs parties enterrées, de la sole ou encore des élévations. Bien qu'éventré par les travaux, un des fours possède encore la moitié de sa sole en place au fond de la chambre de cuisson. Cette dernière repose sur des conduits diffusant la chaleur. En forme d'ogive, il est directement contigu à l'autre four,  relié par une maçonnerie de briques large de près de deux mètres. Cet espace commun permettait d'éviter, ou tout au moins de limiter, les déperditions de chaleur entre les deux structures de chauffe. Le second four n'a livré qu'une partie de sa structure enterrée. Les parois en briques définissent une chambre interne vide et arrondie, desservie par une ouverture voûtée menant à l'alandier (non fouillé). La sole disparue était soutenue par des supports transversaux pris dans les parois.

Les observations de terrain indiquent que ces grands fours ont fait l'objet de plusieurs réfections, soit pour réparer des zones altérées par les fortes chaleurs (avoisinant les 1000 °C) nécessaires à la production des faïences, soit pour corriger et améliorer leur fonctionnement. On note ainsi l'aménagement de plusieurs ouvertures dans les travées de répartition de la chaleur. Malgré la forte altération des vestiges, ils correspondent tout à fait aux grandes structures destinées à la production des différentes qualités de faïences qui s'imposent dans la vaisselle de table et de cuisine à partir de la fin du XVIIe siècle. Il s'agit donc de produire localement des objets jusqu'alors coûteux car importés de grands centres de production reconnus.

Les céramiques recueillies lors de cette intervention avaient été remisées en vue d'une étude et d'une publication ultérieures… qui n'ont jamais eu lieu. Les quelques éléments présentés lors du rapport de fouille montrent la présence de plusieurs types de récipients : des assiettes à bord en méplat ou à rebord en feston, des bols à oreilles horizontales à motif en coquille, des tasses ansées, mais aussi des pots, pichets et marmites. Ces récipients étaient destinés à être recouverts de faïence blanche ou polychrome, mais aussi de glaçure au manganèse ou vert céladon. L'ensemble de cette activité se place entre le milieu du XVIIIe et la fin du XIXe siècle.