Localisation des sites sur le territoire de Rennes

ZAC de Beauregard-Quincé

La vue aérienne du site montre clairement l'impact du canal de captage du XIXe siècle sur les vestiges d'époque romaine.   Beauregard-Quincé site B, Rennes (Ille-et-Vilaine), 2011.   © Hervé Paitier, Inrap
La vue aérienne du site montre clairement l'impact du canal de captage du XIXe siècle sur les vestiges d'époque romaine. 
Beauregard-Quincé site B, Rennes (Ille-et-Vilaine), 2011. 
© Hervé Paitier, Inrap

Description

Une petite installation agricole gallo-romaine a été fouillée à 3 km au nord-ouest de la ville antique de Rennes. Son implantation dans une zone humide est étonnante et amène à s'interroger sur la fonction des deux constructions qui coexistent sur le site. L'analyse détaillée de leurs plans apporte des éléments significatifs sur leur architecture, alors que des pollens recueillis dans une mare toute proche suggèrent un lien possible avec l'exploitation du lin.

Résultats

Un environnement peu favorable  

Le site B de Beauregard-Quincé s'inscrit dans un paysage qui semble structuré autour d'une villa localisée à 450 m plus à l'ouest  (site du Bignon 1). Cette organisation diffère de celle d'un autre parcellaire orthogonal repéré à l'est et dont quelques fossés sont les seuls autres témoignages d'occupation antique dans le secteur. Cet isolement est accentué par une implantation naturelle qui peut paraître problématique, a priori, puisque la zone est particulièrement humide. La fouille et l'étude des cartes anciennes ont même révélé qu'un cours d'eau, aujourd'hui disparu, traversait le site à partir d'une source retrouvée près de sa limite sud-ouest.  

Deux constructions au bord de l'eau  

Un bâtiment de 243 m² est élevé à l'est du ruisseau. Sa conception et son plan permettent d'y reconnaître une grange, dont il est possible de restituer l'ossature en bois. L'édifice comporte un bas-côté séparé d'un volume principal par une rangée de piliers. Le nombre et l'emplacement de ceux-ci indiquent que la charpente a été intégralement refaite au moins une fois. C'est peut-être durant ces travaux que deux espaces rectangulaires, dont l'utilité reste inconnue, ont été ajoutés au nord et à l'est. Un ancien fossé périphérique est comblé pour cela et le sol de la seconde pièce est même renforcé par des supports installés sur son comblement. Dans l'angle nord-est, un lambeau de sol de schiste concassé est le seul témoignage du niveau d'occupation interne. Il est recoupé par quelques creusements peu profonds difficiles à interpréter.  

Les restes d'une construction plus petite, et tout autant arasée, ont été mis au jour de l'autre côté du cours d'eau. Il s'agit d'une structure de chauffe rectangulaire mesurant 16,50 m². Le foyer est installé dans une ouverture située au milieu du mur sud et du charbon de bois était stocké dans un aménagement rectangulaire placé à proximité. L'analyse du bâtiment suggère que le sol a été surélevé et qu'une porte, accessible par un petit escalier, se trouvait dans l'angle sud-ouest. Quelques traces de supports en bois fouillées au sud laissent enfin penser qu'un appentis abritait l'aire de travail. L'ensemble présente les caractéristiques d'un séchoir à céréales. 

Une activité agricole liée à l'exploitation du lin ?
   

L'environnement particulier du site et la nature des bâtiments mis au jour laissent à penser qu'il pourrait s'agir d'une activité agricole bien spécifique. Or, les analyses palynologiques effectuées dans une mare toute proche révèlent que la culture du lin était pratiquée dans le secteur. On serait alors tenté d'imaginer que la grange servait au battage, au broyage et au stockage. Le lit du ruisseau pouvait permettre de tremper les tiges pour dissoudre les pectines (rouissage), ce qui entraînait des mauvaises odeurs pouvant expliquer l'isolement du site. Dans cette hypothèse, le four pouvait servir au séchage des tiges comme à celui des grains.  

D'autre part, une tranchée médiane retrouvée dans le bas-côté de la grange peut être interprétée comme une rigole d'évacuation des déjections animales. Dans cette hypothèse, il faudrait imaginer que cette partie du bâtiment a également servi d'espace de stabulation.  

Des traces de travaux de captage du XIXe siècle  

Les nombreuses sources qui se trouvent dans le quartier ont justifié un vaste projet de captage des eaux pour alimenter Rennes en eau potable. Les études sont amorcées vers 1828 et un important canal retrouvé sur la fouille confirme que les travaux ont été engagés. Son remblaiement rapide indique aussi que le projet a été modifié et abandonné dans ce secteur. Seul un puits est conservé à l'emplacement de la source.