Localisation des sites sur le territoire de Rennes

Salle de la Cité - rue d'Echange

Vue, depuis le sud, de la tranchée de diagnostic. On y reconnaît, sur le côté gauche, l'emprise de la chaussée. Celle-ci est séparée de l'espace de trottoir couvert ou galerie par une bande sombre qui correspond au fossé de bord de rue comblé par un sédiment assez organique. Le muret support de colonnade, qui contenait à la fois le coffrage de bois du fossé et l'empierrement du trottoir couvert, est ponctuellement conservé, ce qui permet d'en restituer le tracé.  Salle de la Cité rue d'Échange, Rennes (Ille-et-Vilaine), 2003.  © Dominique Pouille, Inrap
Vue, depuis le sud, de la tranchée de diagnostic. On y reconnaît, sur le côté gauche, l'emprise de la chaussée. Celle-ci est séparée de l'espace de trottoir couvert ou galerie par une bande sombre qui correspond au fossé de bord de rue comblé par un sédiment assez organique. Le muret support de colonnade, qui contenait à la fois le coffrage de bois du fossé et l'empierrement du trottoir couvert, est ponctuellement conservé, ce qui permet d'en restituer le tracé.
Salle de la Cité rue d'Échange, Rennes (Ille-et-Vilaine), 2003.
© Dominique Pouille, Inrap

Description

Ce diagnostic, mené en 2003 sur 250 m2, a été motivé par l'agrandissement des locaux techniques de la salle de la Cité. La petite taille de la parcelle, située dans un secteur très sensible de la ville antique, pour lequel on disposait de nombreuses mentions de découvertes anciennes, justifiait totalement cette intervention. Par ailleurs, plusieurs fouilles et diagnostics entrepris dans les environs montrent que l'on se situe dans un secteur densément occupé de Condate.

Résultats

Les vestiges bien conservés d'une chaussée antique nord-sud inconnue jusqu'alors (un cardo) et de ses abords ont été mis en évidence sur la parcelle. Cependant, compte-tenu de la faible profondeur atteinte par le projet, il s'est avéré qu'ils n'étaient pas menacés de destruction par celui-ci. Le diagnostic n'a donc pas été suivi d'une fouille. 

Une nouvelle rue de la ville


La rue, matérialisée par une succession de bandes de roulement en graviers de rivière reposant sur une fondation constituée de gros blocs de schiste, n'a pas été perçue dans son intégralité. Toutefois la tranchée entreprise pour le diagnostic, en diagonale par rapport à l'axe de la rue, montre que l'espace de circulation est de 4,70 m au moment où il atteint sa plus grande largeur, c'est-à-dire sans doute au IIe siècle, où le quartier est florissant. La chaussée est alors nettement bombée, de manière à favoriser l'écoulement des eaux pluviales vers les fossés latéraux, qui sont coffrés de bois. Des traces d'ornières perceptibles en surface traduisent une circulation charretière probablement assez intense.  

L'ultime état de la rue dénote quant à lui le déclin de l'activité urbaine. En effet, probablement vers la fin du IIIe siècle ou au début du suivant, la chaussée se rétrécit pour ne plus dépasser 4 m de large.  Elle est alors matérialisée par une couche hétérogène d'empierrement, dans laquelle on trouve également des fragments de briques et de tuiles. Beaucoup plus fruste que les précédentes, cette surface de roulement porte toutefois les marques d'une circulation encore soutenue, puisque les matériaux qui la constituent présentent des traces d'érosion très nettes. Les abords de la chaussée, recouverts par une épaisse couche de sédiment d'origine détritique, illustrent le manque d'entretien de cet espace public, lui-même traduisant la décadence de la ville. Par la suite, cet axe n'est plus entretenu du tout, mais semble toutefois encore servir de cheminement occasionnel.

Quelques aspects du bâti riverain

Sur le côté est de la rue, le seul que le diagnostic a permis de mettre en évidence, les vestiges d'une galerie de circulation ont été repérés. Elle mesure au moins 1,50 m de large et devait longer un bâtiment situé en dehors de la tranchée d'observation. Un muret supportant sans doute une colonnade la sépare de la rue. Lui-même était bordé sur sa face extérieure par le fossé coffré évoqué plus haut. Dans sa configuration la plus évoluée, sans doute au moment où le quartier est le plus dynamique, ce support de galerie prend la forme d'un muret soigneusement maçonné au mortier. Le sol de l'espace de circulation couvert est alors constitué d'un cailloutis compacté. Ceci pourrait témoigner de l'existence d'un bâtiment assez cossu, ce que la découverte de quelques fragments de marbre blanc veiné de rose semble confirmer.