Localisation des sites sur le territoire de Rennes

Couvent des Cordeliers

Vestiges de la galerie nord du cloître conservés sous la dalle de béton de l'atelier. On reconnaît le sol de carreaux de terre cuite et la maçonnerie arasée du mur bahut.  Couvent des Cordeliers, Rennes (Ille-et-Vilaine), 2011.  © Laurent Beuchet, Inrap
Vestiges de la galerie nord du cloître conservés sous la dalle de béton de l'atelier. On reconnaît le sol de carreaux de terre cuite et la maçonnerie arasée du mur bahut.
Couvent des Cordeliers, Rennes (Ille-et-Vilaine), 2011.
© Laurent Beuchet, Inrap

Description

Dans le cadre de l'extension de la Maison des avocats, siège du barreau de Rennes, un diagnostic a été réalisé à l'angle des rues Hoche et Victor Hugo. L'étude du bâti encore en élévation ainsi que les sondages réalisés dans la cour et les bâtiments ont révélé les vestiges de l'ancien couvent médiéval des Cordeliers, aujourd'hui totalement effacé du paysage urbain et oublié des Rennais.

Résultats

Le couvent des Cordeliers, ou frères Franciscains, est fondé en 1230 à l'initiative du duc Pierre Ier de Bretagne. Il fait suite à l'hôpital Saint-Jacques qui, depuis 1213 environ, accueillait les pèlerins de Compostelle. Avant l'opération archéologique de 2011, on ne connaissait du premier édifice que la description d'époque moderne de l'abbatiale du XIIIe siècle, détruite au début du XIXe siècle pour percer la rue Victor Hugo. L'étude des bâtiments a montré que d'importantes parties conservées peuvent être attribuées à la période médiévale. Ainsi les murs bordant, au nord et à l'est, l'emprise de la fouille, présentent, en partie haute, une série de petites fenêtres correspondant au couvent des XIVe et XVe siècles.  

Le petit cloître du XVIIe siècle  


La construction du parlement de Bretagne à partir de 1618 sur des terrains de l'abbaye entraîne des modifications importantes de celle-ci. Plusieurs vestiges du petit cloître présent sur les plans anciens de Rennes et mentionné dans la documentation écrite ont été mis au jour.  

La galerie nord du cloître conserve cinq piliers de tuffeau (pierre blanche et tendre utilisée en construction), posés sur un petit mur bahut (mur bas servant de support) et intégrés dans les constructions récentes. Un sondage y a dégagé un sol constitué de carreaux de terre cuite. D'autres vestiges plus dégradés correspondent à la galerie ouest. De la galerie sud ne subsistent que quelques assises du mur bahut, bordé par un caniveau.  

L'ensemble permet de restituer un cloître trapézoïdal, long de 22 m et large de 14 m, à l'est, et de 18 m, à l'ouest. L‘étude des charpentes a montré que, à l'étage, plusieurs éléments étaient conservés en position originale, ancrés dans le mur médiéval. Leur datation par dendrochronologie situe la construction du cloître entre 1657 et 1661.  

Des logements en soupente du XIXe siècle  


À la Révolution, le couvent, sécularisé, devient un bien public. L'église abbatiale et le grand cloître qui la bordait au nord sont rasés en 1829 pour le percement d'une nouvelle rue bordée d'immeubles de rapport. Un plancher divise l'aile nord du petit cloître au niveau du sommet des piliers. La charpente est modifiée pour permettre l'installation de pièces très basses de plafond, aux murs enduits de terre, parfois recouverts de papier journal. On ignore la distribution de ces logements, sans doute occupés par les populations pauvres qui commencent à s'installer en ville.  

Un atelier au XXe siècle  

Les dernières transformations, au début du XXe siècle, touchent la partie orientale de l'ancien cloître, qui voit son espace réduit de près de la moitié pour permettre la construction d'un vaste hangar de charpente couvert d'une verrière. Le sol est surélevé et recouvert d'une dalle de béton de ciment. Un atelier s'y installe.