Localisation du site sur le quadrillage que formaient les rues de la ville antique.
52 rue d'Antrain, Rennes (Ille et Vilaine), 2014.
© Arnaud Desfonds, Stéphane Jean, Gaétan Le Cloarec et Dominique Pouille, Inrap ; Thierry Lorho, SRA
52 rue d'Antrain, Rennes (Ille et Vilaine), 2014.
© Arnaud Desfonds, Stéphane Jean, Gaétan Le Cloarec et Dominique Pouille, Inrap ; Thierry Lorho, SRA
Description
La parcelle impactée par le projet immobilier à l'origine de ce diagnostic est située à la limite d'un secteur de la ville romaine particulièrement sensible du point de vue archéologique. En effet, dans un rayon de quelques centaines de mètres vers le sud, les découvertes anciennes, diagnostics positifs et fouilles préventives ayant permis d'appréhender l'agglomération de Condate sont nombreux. De plus, le terrain se situe à quelques mètres au nord d'un tronçon de rue nord-sud de la ville antique (un cardo). Le but du diagnostic archéologique était notamment de savoir si la chaussée se prolongeait dans cette zone.Résultats
En marge de la ville romaine : la campagneÀ l'issue du diagnostic, les données recueillies montrent qu'à l'exception d'une mare (mentionnée ci-dessous), il n'existe pas de vestige d'aménagements antiques dans ce terrain. Aucun prolongement du cardo observé en 2011 au n° 43 de la rue d'Antrain n'a été détecté. L'hypothèse la plus vraisemblable semble être que cette chaussée aboutissait à une rue transversale, le decumanus le plus septentrional de la ville, situé juste au sud de la parcelle.
Dans la partie sud du terrain, entre la couche de terre végétale et le sol vierge, est apparue une strate de terre brune renfermant exclusivement de très nombreux fragments de tuiles romaines. Elle atteste la proximité d'un quartier urbanisé. Sa disparition progressive au fur et à mesure que l'on progresse vers le nord confirme bien que la parcelle étudiée se situe en dehors de l'agglomération.
Une mare pour le bétail ?
L'angle sud-ouest de la parcelle est occupé par les vestiges d'une mare dont l'utilisation remonte à l'époque romaine. Les abords de ce point d'eau ont été sommairement aménagés par la mise en place de couches de matériaux damés, mais son étendue n'est pas connue car il se prolonge en dehors des limites de la zone d'étude. Il est vraisemblable que le cardo mentionné plus haut comme se raccordant au dernier decumanus de la ville aboutissait à cette mare où pouvaient s'abreuver les attelages circulant dans le secteur.
Une zone délaissée à la fin du IIe siècle ?
Deux niveaux successifs bien distincts ont pu être observés dans le comblement de la mare.
Le plus profond, correspondant au niveau d'utilisation, était constitué par un sédiment grisâtre vaseux très compact d'une bonne trentaine de centimètres d'épaisseur. De nombreux fragments de céramique romaine datables du IIe siècle y ont été retrouvés.
Un sédiment brun grisâtre contenant lui aussi des tessons de céramiques datables du milieu du IIe siècle, mais également de fragments de tuiles, marque la fin de l'utilisation de ce point d'eau, qu'il comble totalement. Il semble donc qu'avant le IIIe siècle le secteur est délaissé, ce qui cadre assez bien avec les observations issues du diagnostic effectué au n° 43 de la rue d'Antrain.
Un prélèvement visant à préciser l'environnement végétal a été effectué dans la couche vaseuse du fond de la mare. Les tests préliminaires réalisés sur deux échantillons au laboratoire de Soissons par Delphine Barbier Pain, spécialiste palynologue de l'Inrap, se sont malheureusement révélés négatifs.