Exemples de figurines plus ou moins complètes retrouvées sur divers sites rennais. Certaines ont pu être produites dans l'atelier de la rue Saint-Louis.
2 rue de Dinan / Rue Saint-Louis, Rennes (Ille-et-Vilaine), 1986.
© Alain Amet, Musée de Bretagne
2 rue de Dinan / Rue Saint-Louis, Rennes (Ille-et-Vilaine), 1986.
© Alain Amet, Musée de Bretagne
Description
La construction d'un immeuble est à l'origine de cette fouille de sauvetage réalisée en urgence par le Service régional de l'archéologie en 1986. Dans un premier temps, deux fours de potiers ainsi que quelques fragments de statuettes en terre cuite ayant été mis au jour au cours de l'été dans une partie de la parcelle, un diagnostic de contrôle a été effectué sur le reste de l'espace concerné. Après la découverte d'autres fragments de statuettes ainsi que d'un moule ayant servi à leur confection, la fouille de la totalité de la parcelle a été décidée.Résultats
En ce qui concerne l'époque antique, cette fouille a permis d'étudier les vestiges d'un atelier de potier, également fabricant de statuettes en terre cuite (coroplathe), remontant au IIe siècle de notre ère. Apparemment, les artisans se sont installés sur un terrain qui n'avait jamais été occupé auparavant.Un antique atelier de potier…
Les deux fours retrouvés étaient de type différent. Le premier, dit « à deux chambres », était un four circulaire mesurant 1,65 m à sa base. Sa construction réutilisait des fragments de tuiles et de briques. Seule était conservée sa partie inférieure, la chambre de chauffe où l'on introduisait le bois. Dans la paroi, des tuiles en forme de raquette étaient insérées. Elles supportaient une grosse dalle de terre cuite perforée reposant également sur le pilier. C'est dans la partie haute du four, que l'on appelle laboratoire, que les objets étaient mis à cuire. L'autre appareil, long de 2 m et quadrangulaire, évoque davantage les fours de briquetiers ou de tuiliers. Cependant les quelques morceaux de récipients retrouvés sur place suggèrent que les deux fours ont également produit de grands vases ovoïdes à décor ondé.
Plusieurs fosses dépotoirs contenant de nombreux fragments de figurines en terre blanche (au moins 135) et de moules ayant servi à leur fabrication (au moins 34) étaient situées à proximité du second four. Ceci induit que cet appareil été utilisé pour la production de statuettes. Des trous de poteaux découverts dans la même zone permettent de supposer l'existence d'un appentis ayant pu servir d'atelier. Les figurines produites par surmoulage étaient des copies d'originaux provenant de la vallée de l'Allier, dont ces productions sont typiques.
… puis un espace funéraire
Après l'abandon de cette activité artisanale, l'espace semble être englobé dans une nécropole. En effet, en plein milieu de la parcelle, dans la zone la mieux préservée, sept sépultures ont été retrouvées. Les informations dont on dispose à leur sujet sont insuffisantes pour pouvoir déterminer s'il s'agit d'inhumations en pleine terre ou en cercueil. Par ailleurs leur datation n'a pas pu être précisément établie. Il semble probable, selon l'archéologue qui a dirigé la fouille, qu'elles remontent « à la charnière de l'Antiquité et du haut Moyen Âge », c'est-à-dire entre le IVe et le VIIe siècle.
Des activités médiévales et modernes
Des témoignages d'occupation médiévale des lieux ont été mis en évidence dans la partie sud de la parcelle. Il s'agit d'un silo, dans le remplissage duquel des fragments de céramique datés du tournant des XIIe-XIIIe siècles ont été découverts, ainsi que des restes de fondations d'une maison supposée être de la même époque.
Enfin aux XVIIe-XVIIIe siècles, une maison équipée d'une cave, à laquelle est sans doute associé un puits, s'installe à cet emplacement. De nombreux déchets de bronze fondus, scories et fragments de creusets indiquent par ailleurs qu'un artisan bronzier exerçait sur les lieux.