Localisation des sites sur le territoire de Rennes

Campus de la Place Hoche

Seau en chêne (hauteur : 26,5 cm ; diamètre : 25 cm) datable du IIIe siècle. Découvert dans le fond d'un puits avec un tonnelet et une cruche, il a sans doute, comme ces deux récipients, été utilisé pour puiser de l'eau avant de tomber au fond… et d'y rester.  Campus de la Place Hoche, Rennes (Ille-et-Vilaine), 1991.  © Alain Amet, Musée de Bretagne
Seau en chêne (hauteur : 26,5 cm ; diamètre : 25 cm) datable du IIIe siècle. Découvert dans le fond d'un puits avec un tonnelet et une cruche, il a sans doute, comme ces deux récipients, été utilisé pour puiser de l'eau avant de tomber au fond… et d'y rester.
Campus de la Place Hoche, Rennes (Ille-et-Vilaine), 1991.
© Alain Amet, Musée de Bretagne

Description

Cette fouille préventive a été justifiée par l'agrandissement, en 1991, des locaux de la faculté de sciences économiques. En effet, les travaux devaient intervenir dans les quartiers nord-est de la ville du Haut-Empire, un secteur où l'urbanisation était, à l'époque, un peu moins dense que dans le reste de l'agglomération. Occupé jusqu'au milieu du IIIe siècle, le quartier fut ensuite déserté. Ce n'est qu'à partir du XVIIe siècle, avec l'installation du couvent des Carmélites aujourd'hui disparu, que ce secteur de la ville sera à nouveau occupé par du bâti.

Résultats

Les vestiges, fouillés sur 1 800 m2, concernent pour l'essentiel l'époque antique.

Un enclos à bestiaux en bordure de rue

La plus ancienne découverte remonte aux premières décennies de notre ère. Il s'agit d'un enclos quadrangulaire, délimité par un profond fossé, qui était sans doute destiné à contenir du bétail. Il est probable que sa limite occidentale bordait une rue située en dehors de l'emprise de la fouille. Sa présence pourrait s'expliquer par la nécessité de parquer des bêtes de somme, indispensables pour mener les grands travaux de défrichement et de nivellement requis par l'installation de la ville.

Un habitat de terre et de bois


L'habitat se développe dès le milieu du Ier siècle de notre ère. Des maisons, des appentis et des hangars, construits en bois et en terre, sont installés autour de cours et de jardins où l'on rencontre des puits ainsi que des citernes cuvelées de bois. Bordant un decumanus (rue est-ouest), ces différentes propriétés sont séparées par des ruelles.

D'importantes quantités de céramiques et d'objets témoignant de la vie quotidienne (fragments de statuettes en terre cuite, petits objets métalliques) ont été exhumés de plusieurs fosses ainsi que de puits qui ont servi de dépotoir au moment de leur abandon. Le milieu humide de ces derniers a permis la conservation, dans la vase, de restes de seaux et de divers objets en bois habituellement détruits au fil du temps.

Les traces d'une boutique incendiée ?


Dans la partie centrale de la fouille, le sol d'une cour a été constitué à l'aide de centaines de fragments de céramiques qui portent tous des traces d'incendie. Certains vases ont d'ailleurs été déformés sous l'action de la chaleur. La variété des formes présentes suggère qu'il ne s'agit pas de déchets d'un atelier de potier, mais plutôt du stock d'un commerçant dont la boutique aurait brûlé.

Une maison dotée d'un système d'adduction d'eau indépendant


Dans le courant du IIe siècle, le decumanus évoqué précédemment disparaît. Il cède la place à des bâtiments en maçonnerie, dont les façades sont situées en dehors de l'emprise de la fouille. L'une des maisons, qui se développe sur 19 m de long, présente la particularité d'être dotée d'un système d'adduction d'eau indépendant relié à un puits. Celui-ci était sans doute équipé d'une pompe, dont la machinerie a été récupérée lors de l'abandon des lieux.

L'abandon du quartier

Comme beaucoup d'autres quartiers de la ville, les lieux sont désertés dans le courant du IIIe siècle. Cet abandon semble avoir été marqué par un épisode tragique. En effet un homme et une femme adultes, ainsi qu'un enfant âgé de huit à dix ans et deux chiens, ont été découverts au fond du puits qui alimentait la maison en eau. Les causes de leur mort n'ont pu être déterminées. Ils étaient ensevelis sous un épais remblai, ce qui donne l'impression que l'on a voulu dissimuler les corps…