Localisation des sites sur le territoire de Rennes

7 rue Lesage

Au fond de cette tranchée de sondage, deux sols de bâtiments de nature différente se différencient clairement (A : terre battue et B : graviers compactés), séparés par l'empreinte d'une paroi disparue en C. La zone D, délimitée par un pointillé rouge, est un creusement postérieur qui a perforé le sol A.  7 rue Lesage, Rennes (Ille-et-Vilaine), 2008.  © Dominique Pouille, Inrap
Au fond de cette tranchée de sondage, deux sols de bâtiments de nature différente se différencient clairement (A : terre battue et B : graviers compactés), séparés par l'empreinte d'une paroi disparue en C. La zone D, délimitée par un pointillé rouge, est un creusement postérieur qui a perforé le sol A.
7 rue Lesage, Rennes (Ille-et-Vilaine), 2008.
© Dominique Pouille, Inrap

Description

Le projet de construction d'un immeuble et de garages est à l'origine de ce diagnostic, réalisé en 2008 sur 550 m2. Il est localisé dans un secteur encore mal connu de la ville antique, pour lequel on ne disposait que d'informations anciennes relativement peu explicites, mais qui permettaient de penser que le secteur était densément occupé malgré sa position excentrée. En effet, dans la parcelle jouxtant ce terrain au nord, lors de la construction de maisons au début du XIXe siècle, une rue antique bordée de vestiges de maisons avait été reconnue.

Le diagnostic a effectivement mis en évidence la présence de vestiges d'époque romaine assez bien conservés, uniquement dans la partie nord de la parcelle. Ils n'ont pas fait l'objet de fouille et sont aujourd'hui préservés sous une dalle flottante supportant les garages, dont la construction ne nécessitait pas de fondations profondes. 

Résultats

L'intérieur d'un îlot construit  

Près de 400 m2 de vestiges ont été détectés sur une épaisseur comprise entre 40 et 60 cm. Ils paraissent correspondre à des installations d'intérieur d'îlot. Aucun axe de voirie même secondaire n'a été repéré sur les lieux. L'orientation des structures respecte toujours celles observées sur le reste de la ville, ce qui est logique puisque cette parcelle était bordée au nord et à l'est par deux chaussées constituant le quadrillage de rues de Condate.  

Les niveaux les plus anciens, sont directement installés sur le sol naturel. Celui-ci ne révèle aucun signe de mise en culture préalable, en revanche l'analyse des sédiments permet de percevoir les traces d'une circulation assez marquée avant la construction des premiers bâtiments. Ceci s'accorde bien avec la présence des deux chaussées mentionnées plus haut, lesquelles auraient donc fonctionné très tôt dès la création de la ville.  

Un quartier excentré rapidement occupé dès le début de l'époque romaine
 

Malgré sa position excentrée, cet espace apparaît comme très structuré et assez densément occupé dès le début de notre ère. On y relève en effet l'existence de sols de terre battue et de graviers compactés qui appartenaient à des installations à architecture de terre et de bois caractéristiques des premières phases d'urbanisation de la ville.  

Du bâti assis sur de sommaires fondations maçonnées leur succède. La qualité des soubassements montre que, comme précédemment, il s'agit toujours de constructions à colombages. La perception très partielle fournie par les tranchées de diagnostic n'a malheureusement pas permis d'en restituer le plan.  

Des activités artisanales diverses  

Quelques indices comme de larges zones rubéfiées marquant le sol laissent supposer la présence d'activités artisanales. Des scories légères disséminées çà et là, des fragments de verre ainsi qu'un morceau de paroi de fourneau vitrifié percé d'un évent de soufflerie suggèrent qu'un verrier devrait avoir exercé dans les parages. Par ailleurs les fragments d'amphores des îles Lipari récoltés sur le site évoquent des activités de teinturerie ou de tannage, puisque ces récipients servaient à transporter l'alun dont elles avaient besoin.  

Du bâti en dur plus tardif  

Des vestiges de constructions à fondations soigneusement empierrées ont également été observés sur le site. Ils correspondent aux dernières phases de développement de ce quartier antique. Leur mauvais état de conservation (les murs ont été épierrées et les sols arasés) empêche de préciser leur fonction ou leur chronologie. Le secteur semble être déserté dans le courant du IIIe siècle.