Restes de l'angle que formaient deux murets en pierres sèches supportant une construction à pans de bois. À l'intérieur, un lambeau de sol de mortier à gros graviers est encore présent. Le tout repose sur un sol en argile battue correspondant à un état de construction antérieur.
16-18 rue Saint-Louis, Rennes (Ille-et-Vilaine), 1998.
© Dominique Pouille, Inrap
16-18 rue Saint-Louis, Rennes (Ille-et-Vilaine), 1998.
© Dominique Pouille, Inrap
Description
Le projet de réhabilitation et d'extension d'un immeuble datant du XVIIIe siècle est à l'origine de ce diagnostic réalisé par l'Inrap en 1998. La parcelle était en effet localisée à proximité d'une zone où plusieurs fouilles et découvertes anciennes avaient révélé la richesse du sous-sol en vestiges archéologiques.Résultats
En raison de l'impossibilité de faire pénétrer un engin plus important dans la parcelle, les sondages ont dû être menés à l'aide d'une mini-pelle. Les capacités limitées de celle-ci se sont répercutées sur la perception des vestiges, qui n'a pu être optimisée. En effet, l'épaisseur importante des terres recouvrant les niveaux d'époque romaine (2 m par endroits) a empêché d'étendre les sondages comme cela aurait été souhaitable. Compte-tenu de la profondeur d'enfouissement des vestiges, il s'est avéré que ceux-ci ne seraient pas atteints par les terrassements liés au projet. Ils n'ont donc pas fait l'objet d'une fouille préventive et ont été conservés in situ.Du bâti à architecture de terre et de bois dès le début du Ier siècle
Un premier type de vestiges, constitué par des restes de constructions à architecture de terre et de bois remontant au Ier siècle a pu être observé. Ces installations, qui reposent directement sur le sol vierge, ont été reconnues dans la partie sud de la parcelle. Elles se caractérisent par la présence de niveaux d'argile correspondant à des sols de terre battue, parfois recouverts d'une couche de mortier dans un second temps. Sur ceux-ci sont apparues des zones rougies laissées par l'entretien de foyers domestiques. Des maçonneries légères, destinées à supporter les colombages des constructions, ont également été reconnues ; il n'a cependant pas été possible d'en dresser un plan d'ensemble car elles n'ont été observées que très ponctuellement dans les tranchées.
Un bâtiment monumental en bordure d'une rue
Dans la partie nord de la parcelle, un mur d'orientation est-ouest maçonné au mortier de chaux a été remarqué. Sa largeur inhabituelle (80 cm) ainsi que la qualité de sa mise en œuvre permettent d'y voir la paroi d'une construction de grande qualité architecturale. Malheureusement aucun autre vestige n'a en pu être perçu lors de ce diagnostic. Il est fort probable qu'il s'agissait d'un bâtiment monumental. Sa localisation dans la trame urbaine mène à supposer la présence d'une rue (un decumanus) bordant ce mur au nord. La zone ayant été totalement bouleversée par des terrassements, aucun vestige de cette chaussée n'a pu être retrouvé. Son existence a toutefois été confirmée récemment lors des fouilles menées à quelques mètres de là, salle de la Cité et dans le jeu de paume de la rue Saint-Louis.
Une carrière d'extraction de matériaux médiévale
Dans la partie nord de la parcelle, l'une des tranchées a mis en évidence l'existence d'une très profonde et vaste excavation dont le fond n'a pu être atteint. Cette dernière, remblayée au plus tard au début de l'époque moderne d'après le mobilier contenu dans son comblement, correspond très probablement à une carrière d'extraction de matériaux remontant à l'époque médiévale. L'archéologie (Station Sainte-Anne ligne A, Caserne Saint-Georges et 52-56 rue de Dinan) et les documents d'archive indiquent que de nombreux creusements de ce type ponctuent l'espace urbain à cette époque.