Ce sondage pratiqué dans l'épaisseur de la chaussée montre l'existence de deux empierrements successifs séparés par une couche de sédiment terreux. La rue a donc été intégralement refaite lors de sa dernière période d'utilisation, au IIe siècle.
43 rue d'Antrain, Rennes (Ille-et-Vilaine), 2011.
© Dominique Pouille, Inrap
43 rue d'Antrain, Rennes (Ille-et-Vilaine), 2011.
© Dominique Pouille, Inrap
Description
Le projet de construction d'un immeuble est à l'origine de ce diagnostic entrepris en 2011. La parcelle concernée, de 640 m2, est située en limite nord de la ville antique du Haut-Empire (Ier - IIIe siècles), dans un secteur pour lequel on manque d'informations précises.Résultats
Une chaussée d'époque romaine orientée nord/sud – un cardo dont l'existence était jusque-là inconnue – affleure à 2 m de profondeur. Elle respecte la trame des rues de la ville, ce qui permet d'en compléter le plan. Des témoignages d'occupation relevés sur le bord ouest de la bande de roulement suggèrent la présence d'un bâti éphémère à cet emplacement. Il s'agit d'un des témoignages d'occupation antique les plus septentrionaux de la ville.La chaussée antique
Celle-ci se présente sous la forme classique d'une succession de recharges de pierraille compactée. Il s'agit ici majoritairement de schiste gris verdâtre provenant du sous-sol rennais. Le bord est de la chaussée, détruit par le creusement de caves appartenant à d'anciennes maisons longeant la rue d'Antrain, n'a pas été retrouvé. En revanche, sur le côté ouest, un fossé ouvert de 1 m de large et de 45 cm de profondeur délimitant l'espace de circulation charretier a été reconnu. Cette rue diffère ainsi des autres ayant pu être étudiées à Condate, dont les fossés bordiers sont en général nettement plus étroits car ils étaient au départ coffrés de bois et souvent partiellement couverts. Cette différence tient peut-être au fait que le tronçon reconnu ici est proche de la limite de la ville.
À cet emplacement, la largeur de la rue peut être estimée à un minimum de 4,5 m, voire de 5 m. Il s'agit donc d'un axe de circulation de taille respectable et non d'une ruelle secondaire. Pourtant le tronçon étudié semble avoir été abandonné avant le IIIe siècle, car tous les objets ou fragments découverts sont antérieurs à cette période.
Un quartier urbanisé précocement puis rapidement abandonné ?
La quantité assez importante de vestiges archéologiques retrouvée en bordure de la chaussée (120 fragments de céramique antiques, 2 monnaies et des éléments divers : fragments de tuiles et briques, fragment de verre, peson en terre cuite, ossements animaux) permet de supposer la présence d'habitat à proximité immédiate de celle-ci.
Ainsi, bien qu'étant situé en lisière septentrionale de la ville, ce terrain semble être dans une zone pouvant être considérée comme faisant partie de l'espace urbain jusqu'au IIe siècle.
Une fosse située sous le premier empierrement de la rue a livré quelques fragments d'ossements animaux ainsi qu'un lot de tessons renvoyant à la première moitié du Ier siècle de notre ère. L'espace de circulation a donc été installé très peu de temps après, sans doute vers les années 50. Comme cela a déjà été mis en évidence dans d'autres capitales de cités, on aurait donc ici le témoignage d'un projet urbain initial couvrant une assez grande étendue dès le milieu du Ier siècle. Par la suite, un développement moins important que prévu a sans doute finalement conduit à l'abandon de ce secteur dès la fin du IIe siècle.
Des rejets de la faïencerie voisine
Dans les niveaux de remblai recouvrant les vestiges antiques, d'importants rejets liés à l'activité de l'ancienne faïencerie de la rue d'Antrain , qui était jadis située immédiatement au nord de ce terrain, ont été observés.
Un prélèvement comportant près de 1 000 fragments de céramique et éléments de terre cuite remontant aux époques moderne et contemporaine a été effectué dans ce remblai afin de disposer d'un échantillonnage de formes qui permettra de mieux connaître la production de cette officine.