Localisation des sites sur le territoire de Rennes

Hôtel-Dieu rue de Saint-Malo

Collier en fer, aussi appelé frette d'assemblage, tel  qu'il a été découvert au fond d'une tranchée bordant le côté nord du decumanus. Ces pièces, insérées en force, permettaient de maintenir entre elles les billes de bois évidées utilisées pour former une conduite d'eau. Sous l'effet de l'humidité le bois gonflait, ce qui assurait l'étanchéité. Sur ce cliché de l'objet avant restauration, les restes de bois minéralisés collés au métal sont bien visibles.  Hôtel-Dieu rue de Saint-Malo, Rennes (Ille-et-Vilaine), 1993.  © Dominique Pouille, Inrap
Collier en fer, aussi appelé frette d'assemblage, tel  qu'il a été découvert au fond d'une tranchée bordant le côté nord du decumanus. Ces pièces, insérées en force, permettaient de maintenir entre elles les billes de bois évidées utilisées pour former une conduite d'eau. Sous l'effet de l'humidité le bois gonflait, ce qui assurait l'étanchéité. Sur ce cliché de l'objet avant restauration, les restes de bois minéralisés collés au métal sont bien visibles.
Hôtel-Dieu rue de Saint-Malo, Rennes (Ille-et-Vilaine), 1993.
© Dominique Pouille, Inrap

Description

Le projet de construction d'une extension du centre hospitalier de Rennes est à l'origine de ce diagnostic archéologique mené en 1993 sur 3 000 m2. Il concernait en effet un secteur particulièrement sensible de l'agglomération antique, pour lequel on dispose de nombreuses mentions de découvertes anciennes, datant notamment de l'époque de la construction du premier hôpital (milieu du XIXe siècle).

Résultats

Les sondages entrepris en 1993 ont révélé que, sur la quasi-totalité de l'emprise du projet, des terrassements anciens avaient fait disparaître les vestiges archéologiques. Cependant, dans une petite parcelle située dans la partie nord du projet, un carrefour de rues remontant au milieu du Ier siècle de notre ère a été retrouvé et partiellement observé grâce à un décapage réalisé sur 100 m2 à la demande du Service régional de l'archéologie.  

Des rues inconnues jusqu'alors


On ne connaissait jusqu'alors l'existence ni des deux chaussées ni de leur intersection. Aussi leur découverte a-t-elle permis à la fois de compléter la trame de rues du chef-lieu et, pour la première fois à Rennes, d'étudier un carrefour.

Les deux axes de circulation étaient constitués d'une succession de couches de graviers de rivière compactés provenant des terrasses alluviales de la Vilaine. Ils reposaient sur des fondations en éclats de schiste provenant du sous-sol local. Leur aspect de surface, certes très éloigné de celui des belles rues du sud de la Gaule, offrait néanmoins une résistance suffisante pour permettre la circulation d'attelages. Installées dès le milieu du Ier siècle, ces deux rues ont sans doute été utilisées jusqu'à la fin du IIIe siècle.

Un carrefour aménagé

Les rues étaient bordées par des fossés, qui étaient sans doute initialement coffrés de bois. Celui jalonnant le côté sud du decumanus (rue d'orientation est-ouest) jouait probablement aussi le rôle d'égout pour les constructions riveraines, dont quelques vestiges ont été retrouvés ; il devait se jeter, 100 m plus bas, à l'ouest, dans le cours de l'Ille. Cette fonction lui a valu de bénéficier d'un coffrage permettant un écoulement souterrain des eaux au niveau du carrefour. Illustrant le déclin de la cité, ce système ainsi que les fossés ont été colmatés à la fin de l'Antiquité.

Une énigmatique conduite d'eau en bois

Les traces d'une conduite d'eau en bois ont été retrouvées le long du côté nord du decumanus, au fond d'une tranchée. Il s'agit de colliers d'assemblage en fer régulièrement espacés, qui assuraient la liaison entre des billes de bois évidées, lesquelles n'étaient bien entendu pas conservées. Ce genre de canalisation était fréquemment utilisé, dans les régions septentrionales de l'empire, pour les réseaux d'adduction d'eau sous pression. Mais il pouvait également servir à l'évacuation. Compte tenu de l'emplacement particulier de cette découverte, en bordure de la chaussée, on pencherait plutôt pour le premier type d'utilisation, ce qui est assez curieux car à ce jour aucune trace d'aqueduc romain n'a été retrouvée à Condate.