Localisation des sites sur le territoire de Rennes

Beauregard-Quincé

Vue aérienne des deux zones de fouille (sites A et B) de Beauregard-Quincé, avec la ville de Rennes en arrière-plan.  Beauregard-Quincé, Rennes (Ille-et-Vilaine), 2011.  © Hervé Paitier, Inrap
Vue aérienne des deux zones de fouille (sites A et B) de Beauregard-Quincé, avec la ville de Rennes en arrière-plan.
Beauregard-Quincé, Rennes (Ille-et-Vilaine), 2011.
© Hervé Paitier, Inrap

Description

En amont de l'aménagement de la ZAC de Beauregard-Quincé, sur le dernier espace rural encore préservé en périphérie nord-ouest de la ville de Rennes, deux sites archéologiques ont fait l'objet d'une fouille : un habitat gaulois (site A, 3600 m²) et une installation agricole gallo-romaine (site B, 2700 m²). Ces occupations se placent en bordure immédiate d'une zone humide traversée par un ruisseau, dans la partie basse d'un large vallon cerné par de faibles reliefs.

Résultats

De la petite exploitation agricole gauloise…   

L'occupation débute par la création d'une petite exploitation agricole au cours du IIIe siècle avant notre ère. Des fossés sont creusés pour délimiter l'habitat et drainer les eaux pluviales : certains d'entre eux sont par la suite curés ou creusés plus profondément en fonction des besoins d'assainissement. Des levées de terre, édifiées avec les matériaux évacués lors de ces divers creusement, renforcent les limites de l'habitat, formant un espace enclos quadrangulaire d'environ 1200 m². Plusieurs bâtiments sont construits sur le pourtour interne de l'enclos, parmi lesquels une petite maison de 33 m² au sol et un bâtiment de stockage sur plancher surélevé (grenier).  

L'exploitation n'est pas isolée et s'inscrit dans un espace bocager plus large. Plusieurs fossés situés en périphérie de l'habitat délimitent des espaces annexes, qu'il s'agisse de parcelles liées aux zones de cultures ou à la gestion du bétail. Bien que relativement modeste (tel que le reflètent le mobilier, l'architecture ou encore les ouvrages fossoyés), la première phase de l'occupation présente toutes les caractéristiques d'un établissement agricole classique, aux espaces fonctionnels bien délimités. Celui-ci s'installe au cours d'une période de forte expansion agricole et économique, durant laquelle apparaît une très grande diversité d'exploitations. Il est difficile de savoir si l'établissement est indépendant, géré par une famille de petits paysans libres qui possèdent quelques terres, ou ‘il dépend directement d'un grand domaine.  

… au hameau  

Au cours du IIe siècle avant notre ère, des restructurations modifient profondément l'organisation du site. L'exploitation agricole est fractionnée et de nouvelles maisons sont construites. Des fossés délimitent des parcelles plus restreintes, parfois de quelques dizaines de mètres carré seulement, au sein desquelles sont aménagés des bâtiments (maisons, greniers, constructions à vocation agricole et artisanale) ou d'autres installations (fosses, celliers…). Si les fossés de la phase précédente sont majoritairement comblés, certaines limites sont conservées en fonction des besoins d'aménagement, ne serait-ce que sous la forme de simples talus. Parmi les nombreuses structures mises au jour sur le site, on a pu distinguer au moins trois unités domestiques (des maisons de 30 à 37 m²), disposant chacune de ses propres réserves agricoles. L'occupation ne se pérennise pas au-delà du Ier siècle avant notre ère.  

Le mobilier retrouvé sur le site est relativement rare et fragmenté. Essentiellement découvert dans les fossés qui organisent l'habitat, il révèle un vaisselier classique, constitué de céramique domestique, culinaire et de stockage. Les activités agricoles exercées au sein de cet établissement sont également difficiles à cerner de manière détaillée, en raison de la quasi-absence de restes animaux ou végétaux. Plusieurs bâtiments de stockage (greniers) et quelques fragments de meule témoignent d'une activité céréalière que l'on retrouve de manière récurrente au sein des exploitations agricoles de cette période.  

Ce qui est certain, c'est qu'au cours des deux derniers siècles avant notre ère, cette ferme n'évolue pas comme d'autres exploitations et prend l'apparence d'un petit hameau, constitué de quelques maisons. Dans un contexte de forte exploitation des terres, la distribution assez dense des vestiges sur une surface aussi réduite pourrait traduire le confinement en ce lieu d'une communauté paysanne travaillant éventuellement au service d'un domaine important. Un vaste enclos, identifié à 600 m au sud du site sur un des reliefs dominant le vallon de Beauregard (situé rue George Maillols dans la ville actuelle), pourrait correspondre à l'un de ces établissements.